Sur les traces du marbre noir de Mazy

Ce bâtiment fut tout d’abord aménagé en 1784 par Jean-Joseph Jaumenne pour en faire un laminoir* afin de travailler le fer. Son installation à cet endroit n’est pas laissée au hasard. En effet, la force motrice de l’Orneau, transformée par une roue à aubes*, a été nécessaire au fonctionnement des machines. Comme témoignage de la vitalité du lieu, en 1810 le martinet* de cette usine produisait annuellement 100 tonnes de fer et la fenderie* 25 tonnes de fer en barres. En 1831 quatre personnes travaillent toute l’année à chacun de ces deux postes. Il fut transformé en scierie hydraulique suite à son rachat en 1854 par la famille Dejaiffe qui exploitait une carrière de pierre à Villeret depuis 1838. Cette scierie hydraulique sera active jusqu’au l’orée de la Première Guerre mondiale. La salle du rez-de-chaussée, convertie en salle de réception, tint lieu d’espace de travail pour la réalisation de tesselles de mosaïque, réalisées avec des tiges de marbre débitées en formes cubiques au moyen de cassoirs à main. L’une de ces machines s’y trouve encore.

De ce côté de l’Orneau nous trouvons une série de cinq bouches de four à chaux adossés au flanc de vallée. Industrie également possession de la famille Dejaiffe, il s’agit d’une activité indépendante au travail du marbre.La fonction de ces fourneaux est de produire de la chaux à partir de la carrière de pierre calcaire qui se situe à leur gauche. La pierre extraite est déposée par le dessus des fours, mélangée au charbon (ou autre combustible) et chauffée à une température de 900°C. Ce procédé donne comme résultat de la chaux vive, ensuite hydratée par ajout de l’eau de l’Orneau. Les vestiges d’un hangar sur la gauche avaient sans doute pour fonction le broyage du produit obtenu et sa mise en sacs. Des charriots envoyaient leur cargaison jusque la gare.La chaux était utilisée dans les enduits et les mortiers.Ces installations employaient 33 personnes en 1896. Elles fonctionnèrent jusqu’aux environs de la Seconde Guerre mondiale.La chapelle contemporaine érigée à proximité est dédiée à Sainte-Barbe.

Active à Mazy depuis 1847, la famille Etienne se distingue par son exploitation de carrières et de trois roues à aubes* sur l’Orneau (à Alvaux, Maka et Onoz). En 1859, alors que les carrières étaient jusqu’alors exploitées à ciel ouvert, Joseph Etienne sera le premier à réaliser une extraction de la pierre par le procédé de galerie souterraine. Il habite tout d’abord la maison « Vincent » puis se fixe à la ferme d’Alvaux. À la mort de Joseph Etienne en 1895, l’activité de la marbrerie est reprise par son fils Arthur. Malgré diverses privations par la comtesse de Romrée après le décès de Joseph Etienne, la société se maintient. En 1920, une nouvelle usine s’installe à Alvaux. Elle permet à l’entreprise de se développer. Suite à la difficile relance de l’après-guerre, la marbrerie Etienne s’allie alors avec les Dejaiffe pour réaliser de gros chantiers, tel celui du métro de Bruxelles. L’activité de cette usine se poursuivit jusqu’aux années 1980 avant de péricliter.

À l’angle droit de la chaussée de Nivelles et la rue de Bossière, bordé par l’Orneau, se trouvait le château de Mazy. Quelques mètres plus loin le Repjoux, venant de Bossière, se jette dans l’Orneau.C’est également de ce côté de la route qu’était localisé le marteau hydraulique du Maka qui était tenu par la famille Etienne.Plusieurs lieux ont utilisé la puissance tirée du débit de l’eau pour faire fonctionner des roues à aubes. Des installations de Joseph Etienne sont dénombrées à Onoz, à Alvaux et au Maka.Venant du nord, l’Orneau traverse la veine géologique de marbre noir à Falnuée.

Le bâtiment de la gare est inauguré en 1877. Il s’installe le long d’une voie ferrée dont la construction a débuté une dizaine d’année plus tôt. La décision de ce nouveau moyen de circulation a incité les Dejaiffe à construire leur marbrerie à proximité directe. Une première phase de construction de l’usine date en effet de 1866 ; une voie et des quais de chargement complètent le complexe architectural.Le tracé de ce chemin de fer relie Gembloux à Jemeppe-sur-Sambre. Sa vocation est principalement économique et permet d’envoyer des marchandises et matières premières au bassin industriel de la Basse Sambre. Cette fonction est toujours bien active, le transport de passagers est quant à lui devenu ténu.

Cet ensemble architectural est un ajout plus tardif à la marbrerie.Il est construit en deux phases. Vient tout d’abord la centrale électrique. Le terrain sur lequel elle est installée est acheté à cet effet en juillet 1903 à Alexandrine Rose, comtesse de Romrée et épouse de Jules Dejaiffe. Elle fonctionnait avec une machine à vapeur et possédait une haute cheminée. L’électricité produite était amenée à l’ancienne usine au moyen de câbles aériens. Quelques armatures sur les toits des ateliers en conservent le souvenir.La seconde phase est celle de l’installation des entrepôts, édifiés en 1924. L’utilisation de ce site comme lieu de stockage, de transformation et de travail pour de nombreux types de pierres se maintint jusqu’en 2016.Ce site, actuellement désaffecté, n’est pas visitable. Une vue large de celui-ci est possible de l’autre côté du chemin de fer, à partir de l’emplacement des fours à chaux (voir site n°9).

1. L’« ancienne usine » DejaiffeAprès des débuts au Ranil (voir site n°7), l’implantation du chemin de fer incita Télesphore Dejaiffe (père) à construire une usine à vapeur dès 1868. Elle comporte cinq armures à scier* et deux polissoirs*. Suite à la constitution de la deuxième société en 1897, le complexe s’agrandit avec la construction de bureaux, hangars, forges, menuiserie et maisons. L’usine exploite une carrière au lieu-dit « le Polissoir » à Golzinne. En 1905 ils y introduisent le procédé de l’air comprimé qui facilite la perforation des blocs et en 1913 reprennent une carrière de marbre rouge à Neuville (région de Philippeville). La crise de 1929 marque une crise économique mais la marbrerie se maintient.L’ensemble architectural est géré par la famille Dejaiffe jusqu’aux années 1980 et ses activités perdurent jusqu’en 1995 suite à la reprise en coopérative. Les lieux sont réinvestis à partir des années 2000 pour en faire des ateliers et un espace culturel (La Zy'Coop).

Dans les alentours proches de la marbrerie Dejaiffe, trois constructions remarquables se distinguent. Il s’agit de la maison Van Honsem, la Villa Dejaiffe (actuellement reconvertie pour accueillir l’association « Le Ressort ») et la Villa Marguerite, bâtie au coin de la chaussée de Nivelles et la rue de l’Usine.La maison Van Honsem fut la résidence d’Eugène Van Honsem. Celui-ci reprit la gestion de la marbrerie Etienne suite au décès accidentel en 1956 de son beau-frère Adolphe Etienne (fils d’Arthur et petit-fils de Joseph Etienne).Ces trois bâtisses furent édifiées au tournant du XIXe et du XXe s.

Dans les alentours proches de la marbrerie Dejaiffe, trois constructions remarquables se distinguent. Il s’agit de la maison Van Honsem, la Villa Dejaiffe (actuellement reconvertie pour accueillir l’association « Le Ressort ») et la Villa Marguerite, bâtie au coin de la chaussée de Nivelles et la rue de l’Usine.Installée le long du sentier menant à la rue de l’Usine, la Villa Dejaiffe était l’ancien bâtiment des propriétaires de la marbrerie.Ces trois bâtisses furent édifiées au tournant du XIXe et du XXe s.

Dans les alentours proches de la marbrerie Dejaiffe, trois constructions remarquables se distinguent. Il s’agit de la maison Van Honsem, la Villa Dejaiffe (actuellement reconvertie pour accueillir l’association « Le Ressort ») et la Villa Marguerite, bâtie au coin de la chaussée de Nivelles et la rue de l’Usine.La Villa Marguerite est également une possession de la famille Dejaiffe. Son architecture s’inspire du style balnéaire en vogue vers 1900. Elle tire son nom de la fille de Télesphore Dejaiffe, décédée en 1911. En association avec Jules et Octave, Télesphore est un des trois frères qui assura la direction de la marbrerie.Ces trois bâtisses furent édifiées au tournant du XIXe et du XXe s.

Construite en style néo-roman en 1869 par l’architecte provincial Ladislas Degreny, elle est dédicacée à Sainte-Barbe, patronne de plusieurs corporations de métiers dont le travail est lié au feu et à l’exploitation souterraine. Elle se prête donc bien à la protection des marbriers. Il s’agit d’une sainte martyre qui aurait vécu durant le 4e s. et ses attributs sont une palme et la tour dans laquelle, selon l’histoire, elle avait été emprisonnée. Sa fête est célébrée le 4 décembre. Lors de chaque année dans les marbreries, la veille de ce jour était l’occasion d’organiser un banquet et de remettre des médailles aux travailleurs de l’usine.L’intérieur comprend plusieurs éléments en marbre noir (bénitiers, fonts baptismaux, marches), dont un autel réalisé par la marbrerie Dejaiffe.Les vitraux du cœur illustrant la Vierge et le Christ sont un don de la famille Etienne. Le banc de communion est un don de la famille Octave Dejaiffe.Les bâtiments autour de la place, construits au même moment que l’église, étaient partagés entre la cure, la salle communale, l’école et la maison communale.

Plusieurs lieux ont utilisé la puissance tirée du débit de l’eau pour faire fonctionner des roues à aubes*. Nous en avons un exemple au Ranil. Joseph Etienne, exploitant d’une carrière à Mazy, tire également parti de cette force. En 1847 on dénombre ses roues à aube à Onoz, à Alvaux et au Maka. À Alvaux on recense deux ou trois armures à scier* et autant d’ouvriers. Au Maka l’installation est plus importante avec une vingtaine d’hommes aux métiers diversifiés (scieurs, polisseurs, marbriers, forgeron). Vers 1890, on y ajoute une locomobile*. À ce moment s’y déploient quatre armures*, une débiteuse, un polissoir* et un lapidaire. Vers 1911, un différend avec la comptesse de Romrée, propriétaire des terrains, marqua l’arrêt de ces exploitations.Venant du nord, l’Orneau traverse la veine géologique de marbre noir au niveau de Falnuée.