Trégomar - En quête d'histoire

Bien que Trégomar soit une terre riche d'histoire, le bourg actuel est paradoxalement très récent. Il fut déplacé en 1855 en même temps que la construction de l'église Saint-Blaise qui abrite en son sein deux statues remarquables, faites de bois, représentant saint Blaise et la Vierge à l'Enfant. Auparavant, le siège de la commune se situait 300 mètres plus au nord, à proximité du cimetière, au lieu-dit le Haut-Bourg. On y trouvait une église, quelques fermes mais surtout le château des barons de Trégomar. Le comte de Gouyon, qui l’acquiert en 1814, le démolit pour rénover ses fermes… Les ruines du château furent visibles jusqu’à la fin du 19ème siècle.

Retrouvée par hasard au 19ème siècle, la fontaine, isolée, abrite la statue de saint Antoine l'Egyptien, protecteur des porcs. Il était vénéré chaque 17 janvier. A la suite des vêpres, les pèlerins s'y rendaient en procession en escortant les reliques du saint. Ils y remplissaient des bouteilles d'eau destinées à être vidées dans l'auge des porcs. En guise d'offrandes, on jetait dans la fontaine des oreilles et des pieds de cochon ou plus rarement des pièces de monnaie.

Après un très agréable parcours en sous-bois, vous découvrez l'imposant menhir de Guihalon. Sa circonférence de 10 mètres et sa hauteur, supérieure à 5 mètres, en font un vestige du néolithique parmi les plus remarquables de toute la région. Classé Monument Historique en 1965, il témoigne aujourd'hui d'une présence très ancienne à Trégomar.

Dans ce petit bois, vous pourrez observer de petits arbustes aux feuilles rondes, vernissées et toujours vertes, grâce à leur renouvellement permanent, il s'agit de buis. S’il est très répandu dans le sud de l’Europe et en Asie Mineure, on ne le trouve que sous forme de stations très dispersées en Bretagne. Probablement importées par les Romains qui s'en servaient contre les vipères, "ces vieilles buxaies, jadis plantées de main d’homme, non loin des agglomérations, étaient vraisemblablement des lieux de culte païen". Utilisé jusqu’à présent en homéopathie comme antirhumatismal et sudorifique, le buis intéresse aujourd'hui les chercheurs. Des études américaines ont révélé que l’un de ses composants inhibait le développement des cellules cancéreuses chez l’homme.

Partout en Europe, le chêne symbolisait la majesté, la force et la longévité. Il suffit de regarder devant vous cet arbre magnifique, pour le comprendre. Très précieux aux yeux des Celtes, le chêne l'était d'autant plus, s'il portait en lui du gui, chose plutôt rare. Le gui était vénéré des Celtes qui le considéraient comme l'avatar d'une divinité importante. Il était au cœur du culte de la "communion des êtres et des choses". La sixième nuit du solstice d'hiver, un druide vêtu de blanc cueillait le gui sacré du chêne avec une serpe dorée et le recevait dans un drap de lin blanc. Le même jour, deux jeunes taureaux blancs étaient sacrifiés pour accomplir la communion des animaux, des végétaux et des minéraux.

Après avoir emprunté la vallée du Gast, puis traversé le joli village de Saint-Sulien, vous longez le ruisseau du Moulin de Saint-Rieul, très probablement dénommé ainsi en référence à un édifice ancien. Le sentier arpentant le bois vous réserve quelques pentes que vous prendrez plaisir à gravir, au gré des clapotis chantants du ruisseau s'agitant dans son lit.

Le lieu-dit de la "Fosse au loup" nous rappelle que l'animal était autrefois bien présent dans nos campagnes et qu'il était l'objet de toutes les craintes, particulièrement des éleveurs de bétail qui n'avaient de cesse de le traquer. Le loup, pourchassé et décimé, ne survécut pas à l'essor de l'agriculture, activité incompatible avec sa présence.