À la découverte du patrimoine - Pont-Croix

Le Goyen serpente sur trente-six kilomètres. Il faisait autrefois tourner des moulins. Modeste cours d’eau à sa source, le Goyen devient ria à Pont-Croix et se prolonge sur cinq kilomètres jusqu’à la baie d’Audierne, faisant vivre la cité au rythme des marées. Ses rives, aménagées en port dès le Moyen Âge, accueillent désormais les pêcheurs qui apprécient de venir y pêcher, de la source à l’embouchure.

Le Porzh An Listri (port aux vaisseaux) était très actif entre le XVe et le XIXe siècle. Cet ancien port était autrefois accessible aux navires de haute mer les jours de grandes marées et était la clé de l’activité commerciale de la cité. Les bateaux exportaient les denrées agricoles et artisanales de la région et importaient du sel et du vin. La cité commerçait avec les ports voisins et même au-delà, avec l’Espagne, les Flandres ou l’Angleterre. Aux abords du quai en pierre se trouvaient des tanneries, des magasins, une vinaigrerie ainsi qu’une pêcherie à saumon, appartenant aux seigneurs de Pont-Croix.

À l’origine, un gué primitif permettait de franchir le Goyen. Il est remplacé, dès le Moyen Âge, par un pont qui a longtemps été le premier point de passage entre le Pays Bigouden et le Cap-Sizun.

Près du pont, une construction originale éveille la curiosité, celle d’un ancien moulin à mer datant du XVIe siècle. Situé en bordure d’estuaire, il tirait sa force motrice du flux et du reflux des marées. L’édifice est restauré en 1991. En bas de la Grande rue Chère à Pen-ar-Han, se trouve un autre moulin à eau datant du XVIe siècle. Cet ancien moulin seigneurial servait à moudre le blé.

Ce quartier, l’un des plus anciens faubourgs de Pont-Croix, se situe sur la rive gauche du Goyen. Rattaché à la commune en 1947, il a vécu au rythme du port, malgré le déclin de ce dernier. Au XIXe siècle, Keridreuff reste un centre économique important : une minoterie est construite en 1866, une usine d’iode, créée après 1870 est ensuite transformée en conserverie et une fabrique de tapisserie disparaît à la suite du krach boursier de 1929. Cette prospérité s’illustre par la présence de maisons de riches marchands armateurs.

Ces rues aux marches pavées très escarpées font partie des éléments identitaires de Pont-Croix, liant son cœur historique aux rives du Goyen. Elles permettent de descendre la colline depuis la place du marché vers le pont et l’ancien port. La Grande rue Chère et la Petite rue Chère (du verbe choir signifiant chuter, tomber, associé à leur pente raide) sont bordées de maisons de marchands en granit édifiées entre le XVIe et XVIIIe siècle et de jardins clos de hauts murs qui leurs confèrent un charme particulier.

Pont-Croix est réputée pour ses foires et marchés. Une «Grande Cohue» (halle) y est mentionnée dès 1385. Le champ de foire servait de centre d’échanges agricoles. Les Cornouaillais parcouraient de longues distances pour s’y rendre et les affaires ne pouvaient débuter qu’en début d’après-midi. Porcs, moutons, chevaux, vaches de race pie noire s’y vendaient. Sur la grande place se groupaient des marchands forains. Cet espace garde le souvenir de ses halles détruites en 1949. Dans les années 1960, l’exode rural et l’évolution de l’agriculture entraînent un déclin de ces foires. Toutefois, le marché se tient aujourd’hui encore sur cette place chaque jeudi matin.

Dédiée à Notre-Dame-de-Roscudon, l’église date, pour les parties les plus anciennes, des XIIe et XIIIe siècles. À l’origine, il s’agissait vraisemblablement de la chapelle castrale fondée par les seigneurs de Pont-Croix. Simple trève dépendant de la paroisse de Beuzec-Cap-Sizun, elle ne devient paroissiale qu’après le Révolution. Si Notre-Dame-de-Roscudon conserve, de sa première construction, sa longue nef et les premières travées du chœur, le reste est remanié au fil des siècles. L’église est l’objet de la constante sollicitude de ses seigneurs. Les puissantes piles du transept, qui contrastent avec les colonnettes de la nef, surmontées de chapiteaux sculptés, portent une solide tour de granit. Cette dernière constitue la base pour la construction de la flèche au milieu du XVe siècle, dont le clocher a servi de modèle pour les flèches de la cathédrale de Quimper construites au XIXe siècle. Les voûtes sont richement ornées de décors peints. La remarquable façade méridionale témoigne des embellissements successifs apportés. Quatre grandes baies flamboyantes éclairent le bras du transept et les chapelles de fondation seigneuriale, ajoutées au XVe et XVIe siècle. Le porche monumental, de la fin du XIVe siècle, est surmonté d’un gable-triangulaire orné d’un original réseau de quadrilobes et de trilobes, d’un grand effet décoratif. Ce porche a été raccourci en 1691 pour permettre le passage des charrettes à cet angle de l’église. À l’intérieur, un remarquable mobilier, statuaire et vitraux du XVe au XXe siècle parachève ce décor. Dans le chevet, se trouve notamment une Cène en bois doré du XVIIe siècle.

Le rayonnement de la cité se poursuit avec la fondation, en 1652, d’un couvent d’Ursulines. Les religieuses étaient chargées de l’enseignement et de l’accueil des jeunes filles. Fermé à la Révolution, le couvent est transformé en 1822 en petit séminaire. Jusqu’en 1975, des jeunes finistériens y sont instruits. Le petit séminaire ou collège Saint-Vincent compte jusqu’à quatre cents élèves en 1900. L’ensemble des bâtiments se compose d’une chapelle Saint-Vincent, réalisation ambitieuse, édifiée en 1905 par Jean-Marie Abgrall, prêtre, historien et architecte, d’un ancien séchoir à linge et d’annexes entourés par un mur. Les bâtiments, longtemps laissés à l’abandon, connaissent aujourd’hui une nouvelle jeunesse (pôle médical, médiathèque, office de tourisme, espace culturel...).

Derrière l’église se trouve l’ancien cimetière déplacé à la fin du XIXe siècle au nord de la commune. En 1922, on édifie dans cet espace le monument aux morts. Sculpté par René Quillivic (1879-1969), il représente une femme de Pont-Croix ayant perdu ses deux fils lors de la Première Guerre mondiale. Cette femme porte la Pomponne, la coiffe d’artisane portée de la fin du XIXe  au début du XXe siècle à Pont-Croix.

Ancien logis des seigneurs de Pont-Croix probablement construit vers 1550, la maison dite le Marquisat est une demeure urbaine de construction simple mais soignée, comme en témoignent certains détails : portes, fenêtres d’angle et têtes sculptées de la corniche. La porte en arc brisé surmonté d’un fleuron et la tour d’escalier menant à la tourelle dominant la ville, montrent l’importance de la demeure. Depuis 1997, l’édifice est reconverti en Musée du patrimoine.

L’ancien auditoire de justice, mitoyen, constitue avec la maison noble du Marquisat, le cœur de la cité entre les XVIe et XIXe siècles. Il est le siège de la juridiction du Marquisat. Lieu d’exercice de la justice seigneuriale, il est aussi doté d’une prison. On y a rédigé les cahiers de doléances en 1789, avant qu’il ne devienne siège du district révolutionnaire puis première maison commune de Pont-Croix. Il est aujourd’hui un lieu d’exposition et d’expression.

De la première maison commune à l’édification de l’hôtel de ville actuel, le conseil municipal a connu de nombreux changements d’adresse. L’édifice est construit en 1890 sur les plans de l’architecte Ruer. Sa façade, donnant sur la place de la République, s’inscrit dans le paysage urbain au cœur de la cité. Le bâtiment principal, à deux niveaux, est flanqué de deux ailes saillantes correspondant à son usage multiple : mairie, justice de paix et école de filles. En 1908, il est doté d’une horloge surmontée d’un clocheton en zinc.