De Limal à Profondsart

Construite à partir de 1650, l’église est officiellement consacrée une vingtaine d’années plus tard. Bien que rénovée plusieurs fois, elle a conservé son charme d’origine, trônant au centre du village depuis plus de quatre-cents ans. Si vous étiez né au 19e siècle, vous auriez pu visiter la crypte sépulcrale dans laquelle d’anciens seigneurs de Limal ont été inhumés entre les 17e et 18e siècles. Les trésors de l’église sont, quant à eux, toujours visibles, parmi lesquels les ossements de Saint-Florius. Ceux-ci ont été rapportés au 19e siècle par le baron Joseph Vanderlinden d’Hoogvorst, proprétaire du Château de Limal. Une statue de Saint-Florius est encastrée dans le mur de la cure, à côté de l’église.

Voyez-vous cet étrange animal au centre de la place Albert Ier ? Ce chien blanc au sourire coquin s’appelle Cubitus. Il est né de l’imagination du dessinateur Luc Dupanloup plus connu sous le nom de Dupa. C’est en 1968 que l’artiste crée l’attachant personnage lorsqu’il travaille pour le journal Tintin et que l’éditeur lui demande d’inventer un personnage qui occupera quelques pages de plusieurs numéros successifs. Cubitus connait alors un tel succès qu’il couvrira les pages de trente-sept albums, sera le héros d’une série de dessins animés et aura sa propre fresque murale. Alors que Cubitus voyage dans le monde entier, Dupa décide d’emménager à Limal, village qu’il habite alors pendant trente ans. En 2002, deux ans après le décès de l’auteur, la Ville de Wavre lui rend hommage en dressant cette statue réalisée par le sculpteur Luc Cauwenberghs.

Remarquez l’intriguant et imposant porche d’entrée situé au Nord de la place. Il est l’un des seuls vestiges du somptueux Château de Limal. Construit en 1624, il avait été bâti sous l’impulsion d’un certain baron Thomas Lopez de Ulloa, portugais d’origine qui toute sa vie eut à coeur d’embellir le village. Le domaine était composé d’un vaste parc aménagé à la française et d’une ferme. Au fil du temps, passant de main en main, l’ensemble connait des transformations importantes. L’histoire du Château de Limal se termine de manière abrupte en 1944, lorsque l’armée allemande bombarde les lieux. Seules les caves voutées subsistent, aujourd’hui surplombées par un manoir construit ultérieurement.

Le 18 juin 1815 à l'aube, le maréchal Grouchy et ses troupes poursuivent les Prussiens au départ de Ligny. Ils arrivent à Wavre avec la ferme intention d'empêcher l'ennemi de rejoindre Waterloo. Les Français tentent de défaire les lignes ennemies, installées fermement sur les rives de la Dyle, mais rien n'y fait. Les combats font rage et le soir du 18 juin, Grouchy parvient à forcer le passage de la rivière à Limal. Lors de ces échanges armés, l'artillerie française emprunte la rue du Petit Sart, anciennement ruelle Anocolo, tandis que la cavalerie qui poursuit les Prussiens passe par la scavée de la Bourse, actuellement scavée Van Grootven. Un poste de l'arrière-garde est fixé en travers de la ruelle Anocolo à hauteur de l'ancienne maison Mattagne. À l'aube du 19 juin, les Français sortent victorieux de cette offensive menée à Limal. Ce n'est qu'après cet exploit que Grouchy apprend le sort de ses compagnons d'armes, battus à Waterloo. Certains disent que la défaite de Napoléon à Waterloo est due au retard des troupes de Grouchy qui, retenues à Wavre, n'ont pas pu lui prêter main forte.

Plusieurs fermes ont été construites sur les hauteurs du village. L’une d’entre elles est la ferme de la Bourse, un des lieux de passage des troupes napoléoniennes lors de la bataille de Wavre de 1815. Ils s’y arrêtent avant leur offensive contre l’armée prussienne en centre-ville, au niveau du pont du Christ. L’architecture de cette ferme est caractérisée par son double porche qui porte le millésime de sa construction. Celle-ci débute en 1679 et dure 23 ans. Vous pouvez alors découvrir plusieurs millésimes au-dessus des portes du bâtiment. L’ensemble du bâti actuel n’est cependant pas fidèle à celui d’origine puisqu’il est converti en logement à la suite de l’arrêt de l’exploitation agricole.

Les Carmes avaient également établi une exploitation agricole hors du centre et plus précisément à Limal. Bien qu’installée en ces lieux depuis 1598, la cense n’est acquise par l’ordre religieux qu’en 1727, quelques années avant que l’ordre ne soit supprimé. Une inscription visible sur l’un des murs de la ferme évoque le lien de ce bâtiment avec l’ordre des Carmes. On peut y lire une date peu commune « le 3 vendémiaire, an V » relative au calendrier républicain français, établi à la suite de la Révolution française. Ainsi, l’année 1792 correspond à l’an 1 de ce nouveau calendrier qui se base essentiellement sur les saisons des vendanges. Le 3 vendémiaire de l’an V fait donc référence au 24 septembre 1796.

Vous pourrez observer une chapelle blanche. Construite en 1688, elle est dédiée à Notre-Dame des Affligés, invoquée pour protéger les enfants malades. Les escaliers qui y mènent sont, quant à eux, plus récents et datent de 1910.

Les époux Le Clercq, qui fondent l'école de Profondsart en 1908, construisent dans la foulée une chapelle attenant au bâtiment de l'école. Sa construction débute au printemps 1914, mais est interrompue dès le début de la Première Guerre mondiale. Elle reprend finalement peu de temps après et la chapelle est inaugurée le 19 octobre 1915. Près d'un siècle plus tard, en 2013, l'ASBL Espace Culturel Chapelle de Profondsart est créée. Son objectif est de transformer cet endroit en un espace de culture. Outre les évènements organisés par l'ASBL, différents artistes et collectifs peuvent disposer de l'espace et faire vivre leur art.

Construit en 1908, cet établissement s'appelle alors « école Saint-Joseph » ou « école Le Clercq ». Cette deuxième dénomination est liée à l'existence d'un certain Alphonse Le Clercq (1860-1929). À l'époque, ce Bruxellois séjourne en famille, durant les mois d'été, dans sa propriété de campagne limaloise, au sein des hameaux de Grandsart, Profondsart et du Pèlerin. À l'écart du centre du village, les habitants de ces hameaux se trouvent éloignés de l'école communale et de l'école des filles tenue par des religieuses. L'enseignement n'étant pas obligatoire, nombre de ces enfants ne sont dès lors pas scolarisés. C'est dans e contexte qu'Alphonse Le Clercq et son épouse décident de créer à cet endroit une école libre maternelle et primaire pour filles.

De nombreux villages possèdent leur sentier dit « de messe ». Cependant, dans ce cas précis, ce terme tirerait son origine du « sentier des Mèzes » qui existait au même endroit il y a quelques siècles. Par déformation phonétique, ce sentier aurait donné son nom au « chemin de messe ». Dans le bois qui se trouve derrière le mur en brique rouge typique de la région, s'élevait un château, coiffé d'une tour et muni d'un pont tremblant, construit par le seigneur Don Thomas Lopez de Ulloa en 1624.