La Balade Saint-Christophe

Sous le maïorat de Jean Mottin, la décision de construire un abattoir à Hannut fut entérinée par arrêté royal. Les bâtiments furent opérationnels dès 1899. Lorsque le marché au bétail disparut dans les années 1960, les autorités communales eurent à cœur de préserver le marché aux porcs : elles firent ériger dans ce but le vaste marché couvert situé alors à droite de l’abattoir. Ce dernier cessa néanmoins ses activités en 1984. Par la suite, une partie de l’abattoir désaffecté fit office de premier commissariat de police et l’ancien marché couvert se transforma en hall de sports. Aujourd’hui, les bâtiments modernes de l’académie communale Julien Gerstmans, inaugurés en 1999, remplacent l’ancien abattoir et le marché couvert est devenu le hall des expositions de la ville de Hannut. L’académie, créée en septembre 1947, porte le nom de son professeur fondateur Julien Gerstmans, qui était à l’époque le jeune violoniste hannutois qui enseignait la musique aux enfants de la commune.

Ce parc situé au cœur de la ville a récemment fait l’objet d’une opération d’embellissement, qui s’est terminée en mai 2019. Des zones à thèmes y ont vu le jour. On peut aussi noter la présence d’un pré fleuri, de pieds de fruits rouges, de jardinières qui contiennent des herbes aromatiques et d’un mobilier coloré qui invite à s’approprier l’espace.

À cet endroit s’élevait, au XIVe siècle, une ferme habitée par Jeanne de Hannut, épouse du vicomte Arnould VI de Corswarem. Plus tard, cette ferme porta le nom de « Cense du Cheraux », car elle se trouvait à proximité de la porte homonyme des remparts de la ville. Elle changea de propriétaire de nombreuses fois au cours du temps. Les derniers furent les époux Mottin-Naveau, qui transformèrent la ferme pour lui donner le caractère d’un château. En 1960, la Ville de Hannut acheta le bien qui devint, après plusieurs attributions provisoires puis plusieurs transformations, l’Hôtel de Ville actuel. En face du château Mottin se trouve le grand monument érigé en 1931 et destiné à perpétuer le souvenir des martyrs de la Grande Guerre. Après la Seconde Guerre mondiale, les dates 1940-1945 furent ajoutées sur le socle du monument.

Le nom de Hannut apparaît pour la première fois dans un acte de donation daté de 1124. Il s’agissait d’un petit village, construit au pied d’un château féodal entouré de fossés. La date de construction du château et du village n’est pas connue, mais elle doit être proche du début du XIIe siècle. En 1188, le futur duc de Brabant Henri Ier le Guerroyeur s’en empara, puis fit fortifier le château, ce qui donna une certaine importance au petit bourg. Situés à la frontière du comté de Brabant et de la principauté de Liège, Hannut et son château furent souvent détruits, et à chaque fois reconstruits. Pour aider les Hannutois à faire face à leurs malheurs, Henri Ier offrit à Hannut le titre de « ville », ce qui octroyait à ses habitants plusieurs avantages conséquents. En 1339, le duc de Brabant Jean III décida de faire du bourg une petite ville fermée par des remparts en terre, précédés d’un fossé qui pouvait se remplir d’eau. Tout fut achevé en 1343. Hauts de sept à huit mètres et larges de neuf à dix, ces remparts de terre étaient percés de trois portes. Ces fortifications furent nivelées vers 1825, mais la rue des Vieux Remparts et les Remparts Saint-Christophe portent aujourd’hui le souvenir de leur tracé.

L’église est mentionnée pour la première fois en 1331. Les parties les plus anciennes de l’édifice actuel (le chœur et les parties basses de la nef centrale) ont été bâties au XVIe siècle. La tour fut incendiée en 1607 et se crevassa de haut en bas à la suite de l’explosion de tonneaux de poudre qui s’y trouvaient. Elle fut reconstruite vers 1611 à l’aide de pierres provenant de l’ancien château fort. Elle s’effondra une seconde fois en 1637, à la suite d’une nouvelle explosion de poudre provoquée par des soldats hollandais. Elle ne fut alors reconstruite à l’aide de moellons, de pierres calcaires et de briques qu’un siècle plus tard, en 1733. Au XIXe siècle, une profonde restauration fut entreprise pour rendre à l’église son aspect médiéval : les nefs latérales furent élargies, un transept fut ajouté, la partie supérieure de la nef centrale fut modifiée et couverte de voûtes lambrissées en bois. La tour ne fut pas modifiée. L’horloge à trois cadrans date du XXe siècle et est l’œuvre de l’horloger hannutois Georges Paquay. L’église renferme quelques pièces dignes d’intérêt : une statue polychrome de St-Christophe de la première moitié du XIVe siècle, une chaire de vérité baroque du XVIIe siècle, des fonts baptismaux en calcaire datant du XVIe siècle et un « chemin de vie » moderne remplaçant l’habituel chemin de croix. La statue de St-Christophe, haute de 3,95 m, est sculptée dans un seul bloc de chêne et est la plus grande statue médiévale de Belgique. Le « chemin de vie » est l’œuvre de Costa Lefkochir, artiste contemporain d’origine grecque, installé à Liège et mondialement connu. L’autel contemporain réalisé en acier Corten par Nic Joosen en 2000 mérite aussi l’attention. La tour et le chœur de l’église sont classés comme monument depuis 1933.

Né à Jehay-Bodegnée, Zénobe Gramme résida 14 ans à Hannut. Ses parents y élurent domicile alors qu’il avait neuf ans. Il fréquenta l’école primaire puis il apprit le métier de menuisier avant de quitter la commune en 1848 à destination de Liège. Il améliora sa formation en fréquentant les cours du soir de l’école industrielle de Liège, puis se fixa en 1855 à Paris où il fut engagé comme ouvrier modeleur dans une société de matériel électrique. C’est là-bas que Zénobe se passionna pour l’électricité. En 1868, il réalisa la première « dynamo », produisant un courant électrique continu de grande intensité. Après la guerre de 1870, il créa la société des machines magnéto-électriques Gramme.

Après l’incendie du château fort en 1505, il est vraisemblable qu’un nouveau château, plus conforme aux conditions de vie du XVIe siècle, fût construit à l’emplacement de l’actuel château Snyers. Il subit probablement des dommages lors des nombreuses guerres du XVIIe siècle. De grandes transformations lui donnèrent son aspect actuel en 1791. Il changea ensuite de nombreuses fois de propriétaire avant d’être acheté par le notaire Louis-Joseph Snyers, qui fut bourgmestre de Hannut de 1926 à 1932. Ses descendants sont toujours propriétaires du château de nos jours. Le château est flanqué d’un parc agréable qui, avec le couvent tout proche, confère à ce quartier du centre-ville un caractère paisible et reposant.

Comme beaucoup de communautés religieuses françaises, les Sœurs Clarisses de Bordeaux durent quitter la France en 1901. D’abord installées à Mons, elles arrivèrent à Hannut le 16 juillet 1930. Un nouveau couvent fut mis en construction, mais ce n’est qu’en 1935 qu’une partie des bâtiments fut terminée, le parachèvement datant de 1947. En 2002, les Sœurs ont quitté le monastère. Ce dernier a été racheté par les Pères Croisiers en 2004. Le « Prieuré Sainte-Croix » est la deuxième implantation de l’ordre des Croisiers à Hannut et le lieu de résidence actuel des Pères.

L’ancienne gare de Hannut était la plus importante de la ligne 127, qui reliait Landen à Statte depuis 1875. Elle était aussi une gare d’échange avec trois lignes de chemins de fer vicinaux, dont nous observons les trains sur la photographie datant du début du XXe siècle. L’arrivée du chemin de fer à Hannut a été grandement bénéfique pour le développement des commerces et des industries locales. La ligne de chemin de fer a été fermée aux voyageurs en 1963. Néanmoins, la gare reçut encore des trains de marchandises jusqu’en 1981. Réaffectée à la fin des années 1990, elle accueille aujourd’hui le Forem et la Maison de l’Emploi. La ligne de chemin de fer a, pour sa part, été transformée en RAVeL au début des années 2000.