Saint-Constant et Fournoulès ne forment plus qu'une seule commune depuis 2016. Deux atmosphères bien différentes y règnent pourtant : un air d'Aveyron flotte à Saint-Constant alors que Fournoulès présente un visage plus montagnard.La prospérité passée de Saint-Constant reposait sur le commerce des toiles de chanvre, qui rayonnait dans la France entière. L'usage de cette matière a périclité au cours de la seconde moitié XIXe siècle, les fibres synthétiques l'ayant irrémédiablement supplantée.
Comme cela arrive fréquemment dans les villages cantaliens, c'est vers l'église qu'il faut se tourner pour trouver trace d'une certaine opulence révolue. Vers son intérieur précisément, car l'église elle-même a subi de nombreuses restaurations aux XIXe et XXe siècles qui, bien qu'elles n'altèrent pas son caractère monumental, laissent planer des doutes sur l'origine de sa construction.
Ce sont donc les pièces de son mobilier qui retiennent particulièrement l'attention car on y trouve tout ce qu'une église paroissiale est à même de proposer à la vue du visiteur du XXIe siècle : vitraux, retables, tableaux, bannières, statues et mobilier liturgique divers.
À tout seigneur tout honneur, c'est avec saint Constant qu'on fera d'abord connaissance. On l'identifie grâce à la clé et au livre de messe qu'il tient dans chaque main, attributs qu'on peut considérer comme ceux des sacristains, dont il est le saint patron.
Seules deux communes en France portent le nom de ce saint un peu oublié, et si Saint-Constant-sur-Célé, comme on l'appelle parfois, est l'une d'elles, c'est parce que les reliques de Constant d'Ancône, sacristain italien ayant vécu au Ve siècle, y ont un temps séjourné.
À trois kilomètres de Saint-Constant, qu'il est tentant de s'arrêter au pied de la colline d'où émergent les ruines du château de Merle, qui est sans doute sensiblement plus ancien que l'église Saint-Constant.
On parvient à la gravir au prix d'une courte mais assez raide ascension, mais on constate rapidement que la végétation a pris sa revanche sur la pierre. En fait, mieux vaut prendre du recul depuis la route qui s'élève en direction de Fournoulès : on y profite d'une jolie vue sur les tours et les pans de courtine qui ont résisté aux efforts du temps pour les effacer du paysage.
Le paysage, justement, vous en profiterez encore plus en poursuivant votre chemin jusqu'à Fournoulès. Ce minuscule village d'une soixantaine d'âmes se blottit dans un cadre qui l'apparente à un village de montagne. Sur ses hauteurs, la vue y est fantastique, en particulier vers l'Aveyron au sud et l'Aubrac à l'est. Par temps clair, on peut même apercevoir le clocher de la cathédrale de Rodez !
Pour en profiter au mieux, engagez-vous sur le "Sentier des puechs", l'itinéraire de randonnée d'une dizaine de kilomètres qui part de Fournoulès et y aboutit. Un puech : c'est ainsi qu'on désigne une petite montagne dans le parler occitan de cette région du sud du Massif central. Sous sa forme francisée, le mot devient "puy" et dérive également du latin "podium".
Le Sentier des puechs a son pendant à Saint-Constant : la Randonnée des collines, qui a pour pour point de départ et d'arrivée la place de l'église. La vue n'y porte pas si loin que depuis les abords de Fournoulès, mais vous découvrirez tout de même au cours de votre balade de 11 km le bucolique paysage du bassin de Maurs cerné de doux reliefs, dont la curieuse butte de la Garenne.
Saint-Constant ou Fournoulès ? Fournoulès ou Saint-Constant ? Les deux, mon capitaine !
