Un voyage dans le temps à travers le patrimoine industriel roubaisien…

A la Piscine, certes on plonge dans l’art, mais aussi dans l’histoire de la ville ! Car en 1932, lors de son inauguration, cette piscine est le manifeste politique et social du maire Jean Lebas – ministre du travail sous le front populaire. C’est un temple de l’hygiène avec bassin de natation, salons de coiffure, sauna et salles de bains individuelles, alors que beaucoup d’habitations ouvrières ne disposent pas de salle d’eau. Ce bâtiment art déco est aussi considéré à l’époque comme « la plus belle piscine de France ». En raison de la fragilité de sa voûte, elle ferme ses portes en 1985, au grand regret des Roubaisiens, très attachés à ce lieu. Mais à Roubaix, on se réinvente, on métamorphose, on recycle ! Et en 2001, cette piscine se transforme en Musée d’Art et d’Industrie, réhabilité par l’architecte Jean-Paul Philippon (artisan du musée d’Orsay). Le succès public est aussi inattendu qu’important, avec plus de 200 000 visiteurs par an, conduisant à un agrandissement des lieux : en octobre 2018, le musée rouvre avec 2 300m3 supplémentaires incluant une galerie-panorama de la sculpture moderne, une salle consacrée à l’histoire de la ville, ainsi qu’une aile dédiée aux artistes du Groupe de Roubaix. Ce sont désormais plus de 300 000 visiteurs annuels qui plébiscitent l’un des musées français les plus attachants, par son cadre unique comme ses collections… Horaires : du mardi au jeudi, 11h à 18h – vendredi 11h à 20h – samedi et dimanche 13h à 18h – Restaurant Meert du mardi au dimanche de 12h à 17h30 . www.roubaix-lapiscine.com/

Voilà un petit bijou caché à ne pas rater… Poussez la porte, et remontez le temps ! Vous êtes en 1884, date où est achevé cet hôtel particulier construit par Pierre Catteau, sur une des artères principales de la ville. Pierre Catteau est à la fois homme politique et industriel, avec son entreprise de fabrication de tissu et laine. Cet hôtel particulier entre cour et jardin, avec écuries dans la cour, illustre parfaitement le type « château d’industrie », avec une belle recherche architecturale d’Auguste Dupire-Rozan, et un jardin, en ressortant vers la gauche. Ce bâtiment abrite aujourd’hui le tribunal de proximité (ancien Tribunal d'instance) : on peut entrer dans la cour en semaine, de 8h45 à 12h et de 13h30 à 16h45. Le parc est accessible de 9h à 19h du 1er avril au 30 septembre, et de 9h à 17h du 1er octobre au 31 mars

Jardin conçu par Georges Aumont, paysagiste parisien à qui on doit aussi le Parc Barbieux. Le parc est accessible de 9h à 19h du 1er avril au 30 septembre, et de 9h à 17h du 1er octobre au 31 mars

« Sur le pont d’Avignon, on y danse » dit la chanson, eh bien, dans l’usine à Roubaix, on y danse aussi ! En effet, l’Usine Roussel a été réhabilitée en 1999, et accueille des bureaux et studios de danse du Ballet du Nord - Centre Chorégraphique National. On y trouve aussi depuis 2018 le Plateau Fertile, réseau d’entraide et tiers lieu textile avec des ateliers et un Fab Lab. Une nouvelle page d’histoire pour ce bâtiment qui fut le siège des tissages François Roussel père et fils à partir de 1887. Les 2 dates sur la façade correspondent à la création de l’entreprise sur un autre site en 1814 et à la construction de cette façade Art Déco monumentale par l’architecte tourquennois Forest en 1928.

« Et au milieu coule une rivière »… Enfin, dans le cas du Trichon, on devrait plutôt dire « et en dessous quelque part coule une rivière ;) Le quartier du Trichon, et cette place, doivent leur nom au Trichon, rivière qui prenait sa source à Mouvaux pour se jeter dans l’Espierre, et alimentait l’abreuvoir de l’Epeule comme les douves du château. Son cours a été recouvert de bitume pour en faire un égout, le ruisseau passe donc discrètement sous la ville, et seuls les services d’assainissement connaissent désormais son parcours…

Quand on pense au passé textile de la ville, on imagine surtout les filatures. Mais toute la chaîne textile était présente à Roubaix, et notamment la teinture, l’une des activités les mieux représentées à Roubaix avec 39 teintureries à la fin du 19ème siècle, et 50 dans les années 1950. Aujourd’hui reconvertie en Pôle Ressource Jeunesse, l’ancienne teinturerie Deschepper fut acquise en 1880.La façade actuelle fut modifiée en 1927.

Signe particulier ? Il s’agit d’une des plus anciennes usines conservées à Roubaix, construite par l'architecte Achille Dewarlez en 1840, soit un rare témoignage de la première période industrielle de la ville. Portrait-robot ? Celui d’une usine urbaine typique, en quadrilatère, avec des façades en brique régulièrement ordonnancées, des arcatures au rez-de-chaussée, des fenêtres rebouchées à l'étage supérieur et une corniche saillante. Rien d’autre à signaler ? Si, cette filature abrite désormais l’ENPJJ. qui a pour mission principale la formation professionnelle tout au long de la vie des personnels de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Et maintenant, circulez ;)

Mais que fait ce château en plein cœur de Roubaix ?! Ce bâtiment de la fin du 19e siècle était en fait une filature de coton, reconstruite après un violent incendie dans le style « néogothique » avec des murs crénelés et des pignons à redents. A l’intérieur de cette forteresse, les ingénieurs livraient une forme de bataille : une concurrence implacable contre les usines britanniques. Et pour cela, les industriels roubaisiens « s’inspiraient » très fortement des méthodes anglaises, de leurs procédés et de leurs machines… une bataille presque à la loyale ! Après la fin de l'activité en 1981, l'usine, reprise par l'Etat, a été transformée par l'architecte Alain Sarfati. Elle abrite désormais les Archives Nationales du Monde du Travail. Programmation d’expositions et de visite guidée, infos sur : archives-nationales-travail.culture.gouv.fr/ et www.roubaixtourisme.com/agenda/

Il ne reste que les bureaux mais quels bureaux ! Toute la partie usine de l’ancienne teinturerie Scrépel construite en 1864 a été démolie en 1991. On y teignait la laine, la soie et le coton. En 1930, la famille Scrépel fait appel aux architectes Dupire pour la construction des bureaux. C’est l’époque où le style Art déco devient populaire aussi sur les bâtiments industriels, et pas juste sur les maisons privées. Et cette façade des frères Dupire coche toutes les cases Art Déco : une architecture courbe, des motifs géométriques dessinés par les briques, un rythme ternaire… et même le style typographique !

Imaginez : 400 000 kg de fil ! C’était rien de moins que la production annuelle fin 19ème de la filature Lemaire-Dillies, l’une des plus importantes filatures de laine cardée en France. L’usine est marquée par un drame, lorsqu’un incendie se déclare en 1883, bloquant 30 ouvrières. 12 n’en réchappent pas… Après la fermeture de la filature en 1981, plusieurs activités se sont succédé dans les bâtiments.

A Roubaix, la population est multipliée par 13 en 100 ans, entre 1810 et 1911. La révolution industrielle implique de loger cette population ouvrière de plus en plus nombreuse, d’où la naissance des courées, édifiées par de petits propriétaires, cabaretiers ou entrepreneurs pour rentabiliser leur terrain. En 1912, on dénombre 1324 courées où habitent 48% de la population. A l’origine, on entrait dans la Cité par le 56 rue Ste Thérèse, et elle comprenait 40 maisons. Au centre de la cité ou courée se trouvait un puit et les commodités. Au début des années 90, la cité à l’abandon est rachetée par une association de sauvegarde du patrimoine roubaisien qui la réhabilite. Seules 28 maisons sont conservées. Une nouvelle entrée est créée rue St Jean. Les maisons comprennent une courette située à l’arrière, un séjour-cuisine au rez de chaussée, une chambre et une salle de bain au 1er, et une 2ème chambre au seconde (ancien grenier).

Un lieu unique, tel est le Non lieu ! Situé dans l’ancienne usine textile Cavrois-Mahieu, une filature de laine fondée en 1887, il témoigne de l’aventure industrielle de la famille Cavrois, qui fit construire sa Villa du même nom à 3 km de là. L’usine, qui employait 1200 personnes dans les années 50, fut fermée en 2000. Menacé de démolition, ce site industriel a été sauvé par l’association Le Non Lieu, qui le conserve dans son état d’origine, avec les bidons, les gamelles, les bobines, comme si les ouvrières venaient de partir. L’endroit dispose de 5 espaces-ateliers pour des artistes en résidence, et ouvre ses portes lors de divers événements. L’occasion pour les visiteurs de parcourir l’ancienne chaufferie de l’usine, les ateliers d’électricité ou de plomberie, de traverser la cheminée de l’usine ou de découvrir la vue sur les toits de shed… non-lieu.fr

On a ici un concentré de l’histoire de nombreux bâtiments à Roubaix : une usine devenue une friche industrielle devenue un projet hybride, où se croisent les activités. L’entrepreneur Jean-François Réant a en effet installé son entreprise de fabrication de décor commerciaux dans cette friche de 4 500 m2. Mais l’endroit accueille aussi, sur chaque côté de la rue couverte, des ateliers artistes… dont le sien ! Le village du bonheur en somme ;) Voilà ce que c’est que d’avoir pour adresse la rue Rosa Bonheur, du nom de cette peintre du 19ème siècle qui a fait progresser la cause des femmes dans le domaine artistiques… Le Village Rosa Bonheur ouvre parfois ses portes au public lors d’événements artistiques.

A Roubaix, le premier musée municipal est installé dans une ancienne piscine, et le deuxième dans une ancienne usine ! L’usine de tissage de tissus d’ameublement d’Israël Craye date de 1914. En 1960, l’entreprise Craye se spécialise dans la production de tapisserie flamande médiévale. Un musée du jacquard est ouvert en 2001 sur une partie du lieu de production. Tournant dans l’histoire du musée en 2009 : à la suite du transfert de son site de production en Belgique, Craye - rebaptisé Flemish Tapestry - cède les collections à la ville de Roubaix, qui en confie la gestion à Roubaix Tourisme.Après des travaux en 2015, le musée devient La Manufacture, musée de la mémoire et de la création textile. La Manufacture rend hommage au passé industriel de Roubaix et de la métropole lilloise, à travers un parcours au son des machines actionnées sous vos yeux, des témoignages vidéo, et l’exposition permanente du service ville d’art et d’histoire sur les métamorphoses d’une ville textile. Ce décor industriel authentique accueille aussi régulièrement des expositions d’art textile contemporain, des ateliers créatifs, et des événements grand public, marché aux tissus, défilé de mode, conférences… Un espace consacré au textile régional présente les pouvoirs des tissus étonnants et innovants : l’histoire textile continue de s’écrire ! Ouvert du mardi au dimanche de 14h à 18h. Visite guidée à 14h30 et 16h (sans réservation) Parcours vidéo guidé : du mardi au dimanche de 14h à 18h lamanufacture-roubaix.com/fr/ - Tel : 03.20.20.98.92

A quel prix acheter tel ou tel lot de laine ? Question cruciale pour les industriels textiles roubaisiens, et à laquelle devait répondre la Condition publique : on y mesure le taux d’humidité des fibres pour en déterminer un poids objectif et une valeur marchande. Construit en 1900-1901 par l'architecte Albert Bouvy à la demande de la Chambre de Commerce, l'édifice se développe sur un quadrilatère de près d'un hectare et se caractérise par une longue façade de 244 mètres marquée par le souci décoratif. Sur de longs quais intérieurs étaient déchargées et rechargées les balles de laine avant l'expédition pour l'usinage. L'édifice a servi jusqu'en 1972. La Condition Publique est devenue un lieu emblématique du renouvellement urbain et culturel roubaisien. Elle est désormais un laboratoire créatif, un lieu d’événements (Braderie de l’art, concerts, expositions…) ,un lieu de patrimoine (rue couverte, verrière, toiture végétalisée…) , un lieu de vie et de travail qui mêle art et innovation sociale, urbaine et environnementale ainsi qu’une une fabrique culturelle. Du mercredi au dimanche, 13h30 à 19h (mercredi/samedi) ; 13h30 à 18h (jeudi/vendredi/dimanche) laconditionpublique.com

Au début, la Grand Place était petite ! Plus exactement, on trouvait 2 petites places séparées par un alignement de maisons, une devant l’église St Martin, et une devant la mairie. En 1869, la Grand Place prend sa forme actuelle, et en 1911, le nouvel hôtel de ville est achevé après 4 ans de travaux. La Grand Place est alors considérée comme la plus vaste du département, mais elle est encombrée par le terminus des tramways, puis une gare d’autobus. En 1999, le métro arrive, on fait alors appel à l’architecte Bernard Huet – qui a réaménagé les Champs Elysées – pour une grande rénovation, qui laisse la part belle aux piétons. C’est aussi l’époque où est engagée une politique de rénovation urbaine avec le ravalement et la mise en couleur des façades sur la Grand Place, la Grand Rue et l’avenue Jean Lebas.

La première impression sur la ville sera la bonne ! A la fin du 19ème, le train, c’est le progrès, et l’avenue qui part de la gare doit donc être triomphale. A l’image de la ville, en pleine expansion et mondialement reconnue, grâce à son industrie textile florissante. L’avenue de la Gare – qui devient avenue Jean Lebas en 1946 - est donc percée en 1882. Très rapidement, l’avenue est bordée d’immeubles, et devient le quartier des affaires roubaisien, avec l’installation de sièges sociaux d’entreprises textiles, de départements commerciaux des négociants en laine ou tissu, ou encore de banques. La perspective se complète en 1911 avec la construction de l’hôtel de ville, stratégiquement placé en biais par rapport à l’avenue : une bonne première impression, on vous disait !