SOLLIES-TOUCAS - Le circuit du Grand Cap

Le karst est un ensemble de formes et de reliefs qui résultent de l’attaque des roches calcaires tendres par les eaux de pluie, légèrement acides. L’eau s’infiltre au cœur de la roche et agrandit les vides. Ce phénomène est à l’origine de la formation des grottes souterraines et peut prendre des formes très différentes en surface : lapiaz, dolines, avens, diaclases… L’eau qui continue à pénétrer dans la roche alimente les sources souterraines et crée un paysage aussi surprenant sous terre comme en surface.

Profitez ici d’une vue à 360° ! Le Grand cap culmine à 782 mètres d’altitude et jouit d’un panorama d’exception sur une belle partie du territoire de la Sainte-Baume et ses alentours. D’un côté, le mont Caume situé à proximité de l’agglomération toulonnaise, la mer Méditerranée, Hyères et ses îles d’Or ; de l’autre, Cuers et ses curieuses barres. Par chance, au nord, la Sainte-Baume et les premiers sommets alpins, peut-être encore enneigés, se dévoilent.

Ce curieux bloc de béton, situé au sommet du Grand Cap, est une borne ou point géodésique. La géodésie est une technique permettant d’acquérir des informations d’une extrême précision sur la forme et les dimensions de la Terre. Ils sont utilisés en appui pour la réalisation de différentes cartes et plans. Il existe plusieurs formes et types de bornes géodésiques mais les plus courantes en France présentent cet aspect : carrées et marquées d’une croix.

Au sommet du Grand Cap, on découvre un curieux amas de pierre, aussi appelé cairn. Il s’agit d’une pyramide de Cassini, édifiée au 18ème siècle comme point de repère par les géographes. Elle fait partie d’un vaste réseau de lieux et points ayant servi à l’élaboration de la première carte topographique du Royaume de France. Elle tient son nom des géographes de la famille de Cassini qui s’est consacrée à sa réalisation. Aujourd’hui encore, ces cartes sont consultées par des géographes, paysagistes et écologues !

La roche semble comme fissurée sur le plateau de Siou Blanc. En réalité, il s’agit de lapiaz, une des formes caractéristiques de l’érosion karstique. Il est décrit comme un espace recouvert de sillons plus ou moins profonds dans le sol, de quelques centimètres à plusieurs mètres. Cette forme est due au ruissellement mécanique et à l’érosion chimique de l’eau dans les fissures du calcaire, ainsi qu'à l'alternance des phases de gel et de dégel. Certains de ces sillons permettent de retenir les sédiments apportés par les ruissellements, les pluies ou le vent et deviennent de véritables « jardinières » permettant l’émergence d’une flore très particulière.

Les avens sont des gouffres caractéristiques des régions karstiques. Leur formation est due, le plus souvent, à l’effondrement de la voûte d’une grotte souterraine. Comme dans toute formation karstique, c’est la dissolution de la roche calcaire par l’eau qui est à l’origine de la création de ces ouvertures. De forme verticale, les avens communiquent avec une cavité et parfois avec un réseau de galeries. Ils sont donc des entrées idéales pour l’exploration du monde souterrain. 2 100 cavités ont été recensées par le comité régional et départemental de spéléologie du Var et des Bouches-du-Rhône sur le territoire du Parc.

Cette petite tulipe sauvage à la couleur éclatante (Tulipa sylvestris australis) apprécie les zones rocailleuses et calcaires à lapiaz où de nombreuses plantes ont des difficultés à s’enraciner. Elle se rencontre depuis les collines méditerranéennes jusque dans les massifs alpin et pyrénéen à près de 2 000 mètres d’altitude. Elle fleurit entre avril et juin dans des environnements ensoleillés et est facilement reconnaissable grâce à ses petits pétales jaunes. On la connait sous les différents noms de tulipe australe ou tulipe des Alpes.

Dominant la vallée du Gapeau, la forêt des Morières s’étend sur plus de 2 000 hectares. Elle connaît une période d’exploitation intense au Moyen Âge et sous l’Ancien Régime pour le charbonnage, la production de chaux, le pastoralisme et les cultures temporaires. Après la Révolution, elle est intégrée aux domaines de l’État, ce qui la préserve d’une exploitation intense. Intégrée au réseau européen Natura 2000, cette forêt offre aujourd’hui un refuge pour de multiples espèces faunistiques et floristiques rares ou patrimoniales, comme l’Armérie de Belgentier, l’Ophrys du Gapeau, le Grand Rhinolophe ou le Grand Capricorne.

L’aridité apparente du plateau de Siou Blanc masque, sous vos pieds, l’existence de masses d’eau souterraines d’envergure qui ont valu au territoire de la Sainte-Baume le statut de château d’eau. Le karst, phénomène calcaire remarquable, et son cortège de lapiaz, grottes, gouffres, avens, offrent des reliefs ruiniformes. L’eau s’infiltre dans ces interstices rocheux pour ressurgir dans les sources et dans les nombreuses fontaines des villages alentours.