Un fleuve en héritage : la Charente

Il possède une ancienne forge installée dans un bâtiment du 19e siècle depuis les années 20. Elle est en activité jusqu'au décès de monsieur Seguin en 1964 qui sera le dernier maréchal-ferrant. Sa veuve l’a léguée à la commune. L'association Arkéhis a désormais pour mission la conservation de ce patrimoine rural et également l'animation de ce lieu lors des Journées Européennes du Patrimoine et sur demande auprès de groupes. Avez-vous vu le Cheval devant la Mairie ? Et le banc derrière l’église ? En fer, ils sont tous les deux nés dans la forge, entièrement réalisés à partir de pièces agricoles de récupération et fers à cheval. En direction de Plassay, le Château de la Morinerie, une des plus belles demeures de la seconde moitié du 17e siècle, se donne à voir mais ne se visite pas

Cet édifice singulier présente une grande homogénéité. C’est au rez-de-chaussée de la façade occidentale que se concentre l’essentiel du décor sculpté d’une grande qualité. Les corbeilles des chapiteaux sont ornées d’élégantes chimères (harpies à corps d'oiseaux), de dragons ailés, de masques démoniaques ou encore de figures humaines qui rappellent le style de l’église d’Aulnay de Saintonge. Oreilles pointues, mèches de cheveux dressées en points d’interrogation, griffons complètent l’ensemble. Avez-vous remarqué les graffiti sur le flanc sud ? Des cadrans se donnent à voir ! Au nombre de 12, ils pouvaient indiquer les heures des offices religieux. La nef impressionne par sa verticalité, renforcée par la voûte en berceau brisé et le surcreusement du sol. Les sculptures végétales des chapiteaux du chœur, des frises et archivoltes sont de réalisation récente (fin 19e - début 20e siècles). Ouverte tous les jours

En continuant vers Saint-Porchaire, n’hésitez pas à faire un détour par le « Château de la Belle au Bois dormant » comme l’appelait Pierre Loti, il est à découvrir enserré dans la forêt, sur un promontoire dominant les marais et le Bruant, un affluent de la Charente.

En poursuivant votre route vers Rochefort, avant l'entrée dans le centre-bourg, une escale tant patrimoniale que gourmande s’impose à Beurlay, capitale de la galette saintongeaise, fabriquée depuis 1860. Plus loin, dans un cadre bucolique, l’église Sainte-Madeleine domine le vallon où coule le ruisseau Freussin. C’est depuis la fontaine, en contrebas de l’église, que s’apprécie le mieux la belle élévation du chevet à sept pans. Il s’agit d’une version simplifiée du chevet de l’église de Geay (plus loin sur le circuit) où l’on retrouve l’élévation de trois étages superposés, scandée de colonnes-contreforts mais où les deux niveaux supérieurs comportent des arcades sans décor. Cette abside est antérieure à la nef de la seconde moitié du 12e siècle. La façade d’une grande simplicité est ouverte par un portail, rétréci à l’époque moderne et dotée de colonnes toscanes. A l’intérieur, un arc à triple ressaut, porté par des pilastres saillants, sépare le chœur de la nef. De la construction primitive demeurent quatre piliers de soutènement, de très beaux chapiteaux qui surmontent chacune des colonnes inspirées de la croisée de Saint-Eutrope : deux corbeilles végétales, l’une à tiges de rinceaux entrecroisés et l’autre à tiges portant quatre fleurs à quatre pétales, deux autres sont sculptées de félins et d’oiseaux perchés sur les croupes des lions. L'abside, voûtée en cul-de-four, est éclairée par trois fenêtres en plein cintre. Ouverte tous les jours

Un prénom royal en héritage, la commune et l’église rendent hommage à la reine des Francs, Radegonde, fondatrice de la 1ère abbaye de femmes à Poitiers en 555, qui se réfugia un jour dans une grotte située non loin. Déjà mentionnée dans la charte de 1047 de l’Abbaye aux Dames de Saintes, les parties les plus anciennes de l’église construites en moellons semblent attester cette époque. La façade du 12e siècle, d’une grande sobriété, s’ouvre par un portail à cinq voussures, encadré de deux contreforts est surmonté de deux corniches étagées à modillons. Le 15e siècle a laissé son empreinte dans l’ornementation du portail, les clés de voûtes à têtes d’anges, le chevet plat. Le reliquaire trouvé dans les murs de l’église porte le nom des reliques qu’il contenait. Seuls deux textes d’une écriture du 12e siècle sont assez bien conservés pour que les reliques qu’ils décrivaient puissent être identifiées. Clé à la mairie

Une abbaye ? Non, il s’agit en fait d’un ancien prieuré, fondé au tournant des 11e et 12è siècles, et qui dépendait de la puissante abbaye de la Chaise-Dieu en Auvergne. Entièrement restauré dans les années 1990, c’est un des monuments romans les plus énigmatiques de la Saintonge. L’église, dont subsiste le chevet, est conçue sur un plan octogonal exceptionnel. A voir aussi : la salle capitulaire avec ses arcs polylobés et ses croisées d’ogives du 13e siècle, le cellier, le vaste réfectoire avec ses peintures murales et, à l’étage, les dortoirs des moines ornés de fresques. Un jardin médiéval présente des essences végétales cultivées en France entre le 9e et le 14e siècles. Le lieu accueille un centre d’art contemporain qui propose toute l’année un dialogue permanent entre le monument roman et les artistes d’aujourd’hui. Exposition tous les deux mois de mars à novembre. Accès payant. A 900 mètres de l’abbaye, le parc floral de Compostelle, d’inspiration hispano-mauresque surplombe sur 2 hectares le lac du Bois Fleuri. Il propose 6 séquences paysagères avec bassins et jets d’eau. Ouvert d’avril à octobre. Accès par un tourniquet dont les jetons sont en vente à l’abbaye.

De Trizay, rejoignez maintenant la vallée de la Charente, en passant par la bien-nommée commune de La Vallée et découvrez son joli point de vue sur le fleuve depuis la RD 128. Voici une église qui n'a pas la réputation qu'elle mérite. Son clocher carré auquel s’adosse une la tour d’escalier mérite l’attention ainsi que sa façade du milieu du 12e siècle. De composition tripartite à pignon, celle-ci est rythmée verticalement par quatre contreforts-colonnes et horizontalement par une corniche à modillons. Le portail à trois voussures est orné de feuillages et de palmes. Les portes aveugles latérales présentent des murs aux appareillages en losanges et en zigzag. Une série de griffons rangés deux à deux et les dix modillons ornent des têtes de loup et des masques humains notamment s’accrochent à la corniche. La sculpture de Saint-Eutrope de Saintes transparaît dans les chapiteaux à feuillages. La nef du 12e siècle est à quatre travées mais seule sa partie Est reste voûtée en berceau à doubleaux. Les colonnes de la nef sont couronnées de chapiteaux trapus, pour la plupart lisses. Les deux plus intéressants illustrent pour l’un, une femme repoussant des serpents, pour l’autre, un homme et une femme se tenant par les épaules entourée d’acrobates effectuant des figures de voltige sur le dos de chevaux. A noter, les chapiteaux des colonnettes intérieures de la baie occidentale représentant deux chiens arc-boutés, tirant de leur gueule les oreilles d’un personnage accroupi affichant un rictus de douleur. Deux modillons remarquables soutiennent le rouleau extérieur de l’archivolte : des têtes de personnages, un homme et une femme, celle-ci portant un bandeau frontal et une mentonnière. Le carré du clocher est recouvert d’une coupole octogonale sur trompes. Le chevet a disparu.

Il faut déambuler dans ce village typiquement saintongeais et découvrir les façades des belles demeures de pierres blanches. Situé entre le fleuve et le ruisseau le Bruant, le village est environné de marais. En bas du centre-bourg, laissez vos pas vous mener au lavoir. L’histoire du lieu garde la mémoire du port de l’Hôpiteau, lieu de passage de la Charente, avec sa modeste chapelle du 12e siècle. Il évoque encore l’un de ces nombreux points de franchissement qui ponctuaient le fleuve et permettaient aux pèlerins et aux voyageurs de joindre les deux rives par bateau, évitant ainsi le détour par Taillebourg ou Saintes.

Presque tout en elle respire le roman saintongeais : équilibre, simplicité du plan, pureté des lignes, sobriété du décor. C’est aux chapelles rayonnantes de Saint-Eutrope à Saintes, qu’elle emprunte la composition de son profond chevet polygonal. Elément le plus spectaculaire de l’ensemble, il comporte une élévation à trois niveaux couronnés par une élégante arcature aveugle. Le décor est discret (chapiteaux des colonnes-contreforts à animaux ailés dont les têtes évoquent des crocodiles, quelques motifs géométriques, dents de scie). La façade occidentale, d’une sobriété archaïque, pourrait constituer la partie la plus ancienne de l’édifice et dater du 11e siècle. Rythmée par quatre contreforts plats, son portail est orné d’un motif de corde et d’une simple fenêtre. La même élégance se retrouve à l’intérieur, où le regard est frappé par la remarquable croisée du transept couverte par une coupole sur trompes, au-dessus d'un carré dont chaque face est ornée d'une arcature. A noter des passages latéraux comme à l’Abbaye aux Dames de Saintes. Ouverte de mai à octobre

Le village, baigné par la Charente, est labellisé de « Pierres et d’eau ». Il est célèbre pour ces carrières de pierre exploitées depuis l’Antiquité, dont le Pôle-Nature de La Pierre de Crazannes évoque la mémoire, au travers de la vie des carriers et les différents usages faits de la pierre. Espace muséographique ouvert d’avril à novembre, possibilité de visites guidées des carrières. Au départ de Crazannes, « Le chemin de la Pierre », un parcours pédestre de 12 km permet de traverser le village, de longer le château dit du Chat Botté (15e siècle) et de rejoindre le château de Panloy (18e siècle) puis le village de Port d’Envaux par un ancien chemin de halage.

Comme son voisin, il porte le label de « Pierres et d’eau ». Cet ancien village gabarier témoigne de l’importance du trafic fluvial et des richesses qu’il a générées. Il mêle la grâce du minéral et l’eau : promenade aménagée sur le chemin de halage bordé de belles demeures, port fluvial, plage et base nautique en été. A proximité du bourg, les Lapidiales, un espace d’art unique au monde se visite librement toute l’année. Ces anciennes carrières accueillent depuis plusieurs années des artistes qui sculptent les anciens fronts de taille. Un lieu magique de découvertes et de rencontres où se côtoient toutes les cultures du monde… En revenant sur Saintes, vous passerez devant l’église de Saint-Saturnin-de-Séchaud, construite selon les sources soit au 11e siècle, soit au 12e siècle, mais elle n’a conservé de cette époque que son abside, les murs latéraux de la nef ainsi que la base et le premier étage de son clocher. Au cours du 19e siècle, se termine la construction de la façade de style flamboyant qui fait porche à l’occident et masque une façade plus ancienne qui avait été agrandie au 15e siècle.