GR®654E / Voie de Vézelay : de Castillonnès à Villeneuve-de-Mézin

Poste frontière entre Agenais et Périgord, la bastide de Castillonnès est édifiée sur un éperon rocheux dont elle épouse les formes. Elle fut établie en 1259, sur l’emplacement d’un ancien château, par Guillaume de Bagnols, sénéchal d’Agen, pour le compte d’Alphonse de Poitiers. Elle fait partie de ces villes nouvelles créées aux 13ème et 14ème siècles pour répondre à des intérêts à la fois stratégiques, politiques et économiques. Leur fondation était marquée par un acte officiel dit de paréage, passé entre le propriétaire des lieux et le fondateur. Une charte des coutumes était établie, précisant en détails les droits et les devoirs de la population. Ces bastides devinrent des lieux d’échange favorables au commerce où foires et marchés prospérèrent.

Le noisetier est l’arbre fruitier qui a le plus enrichi les superstitions et les croyances populaires. Il est l'Arbre de la science, du savoir et de la sagesse. Pour les civilisations celtiques c'était un arbre magique. Dormir sous l’ombrage d’un noisetier, provoque des rêves prophétiques. Le bois du noisetier servait à la fabrication des sceptres royaux et des baguettes magiques ou divinatoires ... et celui des baguettes de fées. De nos jours, certains sourciers se servent encore de baguettes en noisetier pour rechercher les nappes d’eau souterraines. Le noisetier est le bois par excellence du bâton ou de la canne. Bâton de Thor, le fils d'Odin. Mercure reçut d’Apollon un bâton de coudrier. Il s’en servait pour améliorer les vertus des hommes et calmer leurs trop fortes passions. Ce bâton, le caducée, entouré de deux serpents et surmonté de deux ailes est devenu l’emblème des médecins.

Fondée par Alphonse de Poitiers entre 1250 et 1259, la bastide de Saint-Pastour reçoit ses coutumes du sénéchal Agenais Jean de Grailly en 1289. Elle couronne un « pech » étroit et allongé, dominant la campagne environnante. A l’est, la falaise a été retaillée et utilisée comme carrière de pierre. Elle a conservé de son passé médiéval l’ancienne porte, couronnée récemment d’une statue de Jeanne d’Arc, un vieux puits, près de l’église et une halle en bois. Elle est ceinturée d’un chemin de ronde dominé par les restes d’un château féodal. L’église St-Pasteur, du 15ème siècle, est un édifice fortifié de style gothique voûté sur croisées d’ogives. Elle possède un remarquable portail renaissance.

La bastide de Monclar-d’Agenais qui domine la vallée du Tolzac fut fondée en 1256, par Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse. Elle fut occupée par les Anglais, avant de redevenir définitivement française en 1440. De ce promontoire allongé, perché à 187 mètres d'altitude, la bastide offre de vastes panoramas sur la vallée du Tolzac, la plaine du Lot, les collines plus lointaines du haut Agenais et, par temps clair sur la chaîne des Pyrénées. Du site, émergent l’imposante tour cylindrique du château d’eau et le clocher de l’église St-Clair, dont la façade date du 16ème siècle. Depuis plus de 25 ans, Monclar est devenu un lieu emblématique du théâtre en France. Le théâtre Huguette Pommier abrite la troupe de Roger Louret et l’école du théâtre de Poche "Arthélème".

Les premiers peuplements sur ce site s’établirent autour d’un prieuré à une date inconnue. Au 13ème siècle, l’habitat groupé autour du château, près de la rivière, prit le nom de Castelmoron (château des marais). Au début de la guerre de 100 ans, les troupes anglaises du Comte de Derby s’emparèrent du site et le donnèrent au chevalier de Caumont. La seigneurie resta dans cette famille jusqu’au 17ème siècle avant de passer dans les mains de la famille de Belzunce-Castelmoron. Au 19ème siècle, le vieux château fut entièrement transformé par son nouveau propriétaire Félix Solar, natif de Castelmoron, fils d'une famille d'origine juive portugaise. Son architecture nouvelle, comprenant de nombreuses structures en bois, galerie et balcons de style mauresque, prenait son inspiration dans l'Alhambra de Grenade. Le Château Solar, acheté par la municipalité en 1902, deviendra l'Hôtel de Ville.

La bastide de Laparade fut fondée en 1265 par Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis. Elle était facile à défendre contre d'éventuels assaillants car située sur un plateau à plus de 155 mètres au-dessus de la vallée du Lot. Côté plateau, au nord et à l'ouest, le village était protégé par des remparts et des douves profondes, dont une partie subsiste aujourd'hui. Trois portes étaient équipées de pont-levis et défendues par une barbacane : la porte est qui donnait sur la route de Monclar, en face du temple actuel, la porte ouest sur la route de Clairac et la porte nord sur les douves, à l'emplacement du mur des fusillés. Le village possédait un hôpital et deux églises : une dans le village et une en dehors des fortifications au lieu dit « Touraille ». Un château fort, à l'emplacement du jardin public, dominait la vallée. Pour en savoir plus : www.laparade-village.fr

Lors de la création d’une bastide et notamment celle de Laparade, les terrains « communaux », étaient laissés indivis afin que les pauvres gens puissent faire pâturer leurs bêtes ou ramasser des fagots. Les forêts et les carrières voisines fournirent le bois et la pierre à bâtir. Une fois le plan tracé, les lots, tous égaux, furent attribués par adjudication, l'acte de paréage fixant les redevances à payer. Les habitants s'étaient engagés à construire leur maison dans l'année sur une ossature de pans de bois garnie de torchis, de pisé ou de tuiles plates disposées en épi. La protection d'Alphonse de Poitiers la mettant à l'abri de l'oppression seigneuriale et des exactions des pillards, la bastide se peupla vite. A la mort du prince (en 1271), Guillaume de Cohardon reçut au nom du roi le serment de fidélité de Castelseigneur.

Dans le centre ancien il ne faut pas rater le Maison de Montesquieu. Elle n'a jamais appartenu au philosophe, mais à un notaire, Maître Bertrand, durant tout le 17ème siècle. Cette construction est formée d'une ossature de poteaux verticaux et de décharges en arê­tes de poisson dont les vides sont remplis par du torchis (terre grasse et paille ha­chée) ou par de la maçonnerie légère. Le rez-de-chaussée abritait la cuisine avec son évier de pierre. L'entrée princi­pale située côté jardin, était marquée par un double escalier de pierre qui donnait sur le premier étage, salle de ré­ception des maîtres de maison. A l'étage supérieur, il y avait les chambres. Au-des­sus, des combles sont aménagés avec des balcons de bois auxquels on accède par un vieil escalier aux marches étroites.

En langue gauloise, « Pech » signifie chef, c’est à dire mont. Le Pech de Berre surplombe le confluent du Lot et de la Garonne et la bastide d’Aiguillon. En 1896, à l’occasion d’une mission dans la région, une quête fut organisée dans toutes les paroisses ayant vue sur le site en vue d’y construire une croix monumentale. Haute de 18 mètres, elle fut inaugurée le lundi de Pâques 1897. Aujourd’hui, une halle traditionnelle des places de nos marchés abrite une dalle où est gravé « Cap dou Mounde ». Cela signifie le bout du monde, symbole de cette pointe de terre escarpée, dernier sursaut du Massif Central avant le Bassin Aquitain. Le premier village au pied du site s’appela Congé, synonyme de Condé, coins de terres situés sur les confluents.