Rochefort-en-Terre est une cité construite sur un éperon rocheux sur lequel est implanté un puissant château dès le XIIe siècle. Dominant la trouée du Gueuzon, elle offre un panorama exceptionnel sur la barrière de schiste ardoisier, nommée Les Grées, terme qui vient du gallo «Graou» signifiant «crête». Cette partie du massif des Landes de Lanvaux, bordant la commune au nord, constitue un patrimoine naturel remarquable qui abrite une faune et une flore très diverses.
Au XIIe siècle, les seigneurs qui édifient le premier château prennent le nom du lieu et ainsi apparaissent les seigneurs de Rochefort. Cette forteresse contrôle alors la voie commerciale entre Malestroit et La Roche-Bernard. En 1374, la seigneurie passe par mariage dans la famille de Rieux qui adopte dès lors le nom de Rieux-Rochefort.
La ville se développe sur les pentes autour du château. Un premier bourg, appelé le Vieux-Bourg, s’implante au nord-est du château, puis un second s’étend au sud sur la crête étroite de l’éperon rocheux. L’axe principal de ce second bourg s’insère entre les deux édifices importants : le château et l’église Notre-Dame-de-la-Tronchaye. Ses rues étaient fermées par trois portes dont deux subsistent, la porte Cadre à l’ouest et celle de l’Étang en contrebas, au sud.
La prospérité de la cité du XVe au XVIe siècle a marqué l’architecture des édifices. Les Rieux-Rochefort restent à la tête de la seigneurie jusqu’à la fin du XVIe siècle.
À partir du XVIIe siècle, la cité perd de son importance, et ce jusqu’à l’arrivée d’Alfred Klots en 1907. Cet artiste peintre américain a un coup de cœur pour la cité de Rochefort-en-Terre et met tout en œuvre pour lui redonner vie.
Au XXe siècle, la cité devient un site fréquenté notamment pour son fleurissement qui, allié à la pierre des édifices, lui confère son caractère pittoresque.
Pour se différencier des autres villes portant le même nom et favoriser l’acheminement du courrier, la cité devient «Rochefort-en-Terre» en 1892.
Sous l’impulsion de la municipalité et des Rochefortais, elle est la première cité à obtenir la marque Petite Cité de Caractère® en 1978.
Au XIIe siècle, la seigneurie d’Elven est divisée en deux. La seigneurie de Rochefort est alors créée. Un château est implanté au sommet de l’éperon. Un pan de mur du XIIe siècle, à l’entrée du château, renvoie vers ses origines très anciennes. Ce premier château est rasé en 1488, à la suite de la bataille de Saint Aubin-du-Cormier près de Rennes. Charles VIII, roi de France, ordonne la destruction du château de Jean IV de Rieux-Rochefort, maréchal de Bretagne vaincu. Toutefois, Anne de Bretagne, pupille de ce dernier, finance sa reconstruction. Au milieu du XVIe siècle, Claude, héritière des Rieux-Rochefort, épouse François de Coligny et décide de convertir les Rochefortais au protestantisme. Le château est incendié sur ordre du duc de Mercœur, fervent défenseur du culte catholique. Le logis est restauré au début du XVIIe siècle par le comte de Larlan, président au Parlement de Bretagne. Une troisième destruction survient lors de la Révolution, en 1793.
Les seigneurs de Rochefort disposent du pouvoir de haute, moyenne et basse justice dans leur fief. Cette justice est assurée par des officiers au service du seigneur : le sénéchal, le procureur fiscal et le greffier. La maison du Sénéchal, du XVIIe siècle, est toujours visible à l’angle de la place du Puits et de la venelle du Mitan (du Milieu). Les arcs en plein cintre de ses deux portes présentent chacun une balance sculptée, emblème de la fonction du lieu.
Selon la légende, au XIIe siècle, une bergère découvre une statue, jadis cachée par un prêtre dans un tronc d’arbre, pour la protéger des invasions normandes des IXe et Xe siècles. Il est décidé de construire l’église à l’endroit de la découverte, sur le flanc sud de l’éperon rocheux, ce qui peut expliquer qu’elle ne soit pas au centre du village. À l’extérieur, l’imposante tour de croisée romane, qui remonte à ses origines, a conservé ses étroites fenêtres et un beau calvaire du XVe siècle garde le souvenir de l’ancien cimetière qui se trouvait au-devant. La topographie a entraîné l’entrée principale au nord car plusieurs glissements de terrain ont nécessité d’importants travaux de contrebutement et de terrassement pour construire au sud un bas-côté supplémentaire. À l’intérieur, à droite du chœur, se trouve un vitrail commandé en 1927 à Roger Desjardin, verrier angevin, qui illustre la légende de Notre-Dame-de la-Tronchaye. Dans l’ancien chœur des chanoines, on peut encore voir les stalles du XVIIe siècle et l’ancien retable qui fermait auparavant le chœur. En 1922, pour faciliter les cérémonies, l’évêque de Vannes exige la restauration du chœur et le retable de pierre qui séparait de la nef est placé au fond. L’église est érigée au rang de collégiale en 1498.
La chapelle Saint-Michel est édifiée au XVIIe siècle, à proximité de l’ancien champ de foire. Elle a remplacé un ancien prieuré dépendant de l’abbaye de Redon. La loggia est ajoutée en 1925 pour le couronnement de Notre-Dame-de-la-Tronchaye et est utilisée pour la célébration en plein-air des offices lors du pardon de Notre-Dame-de-la-Tronchaye.
La ville s’est initialement développée en contrebas du flanc nord de l’éperon. Le Vieux-Bourg, auquel on accède par des escaliers pittoresques, est le noyau le plus ancien de la ville. Ce quartier a conservé son image d’autrefois malgré les nombreuses reconstructions. Progressivement, le bourg se développe au pied du château, côté sud.
La place des Halles est le cœur de la vie économique et sociale puisqu’elle accueille les marchés, les foires et les fêtes. Elle dispose d’édifices nécessaires à la vie de la cité comme la mairie ou l’Hôtel Burban, ancienne prison seigneuriale. Les halles, présentes sur la place, datent du XVIIe siècle et sont disposées en «U». Elles sont à l’origine totalement ouvertes sur l’extérieur. Les halles étaient auparavant situées sur l’actuelle place du Puits.
La place du Puits, qui accueille les premières halles pendant un temps, a porté le nom de place de la Vieille Halle. Le puits du XVIe siècle, au centre, permet l’approvisionnement en eau de la cité. La place se distingue par une grande diversité architecturale. On y trouve des maisons dont l’étage en encorbellement a conservé son pan de bois originel ou a été remonté en maçonnerie, des maisons alliant le schiste et le granit, certaines enduites à la chaux et d’autres, plus riches, en pierre de taille. Malgré la variété des styles, les constructions offrent une certaine harmonie.
Cette habitation en pierre de taille, du milieu du XVIe siècle, se distingue par son élégante tourelle d’angle en surplomb, posée sur un cul-de-lampe. Son décor allie les feuillages retournés et les fleurons du gothique flamboyant visibles sur ses deux portes en arc surbaissé aux frontons cintrés et aux coquilles de la Renaissance de ses lucarnes. Construite comme ses voisines sur des caves accessibles depuis la rue, cette maison, sans doute d’un riche marchand, est classée au titre des monuments historiques depuis 1926.
La maison de la rue Haute Candré, du XVe siècle, dispose d’un étage en pan en bois dont l’encorbellement important est soutenu par des poteaux ornés de sculptures qui représentent, selon la tradition populaire, les visages de deux personnages surnommés Rochefort et sa femme. Sur le côté de la maison, on distingue une tête en granit.
À la fin du XIXe siècle, l’auberge Lecadre est tenue par deux sœurs. De nombreux artistes y logent pour profiter du caractère pittoresque de la cité. Parfois, faute de pouvoir s’acquitter de la totalité de leur séjour, quelques artistes réalisent des travaux de décoration dans l’hôtel, en échange d’un rabais. C’est en 1903 qu’ Alfred Klots, peintre américain originaire de Baltimore séjourne à Rochefort. La ville devient dès lors un centre de production artistique.
Après la Révolution, il ne reste du château que ses communs (écuries) aménagés à la fin du XIXe siècle par le docteur Juhel. Quand Alfred Klots achète le domaine, il décide de modifier les communs pour en faire un manoir. Dans les années 1920, il va récupérer des lucarnes de style gothique flamboyant et Renaissance, provenant du manoir de Kéralio, à Noyal-Muzillac, alors en démolition, pour les intégrer à sa construction. Très rapidement ce bâtiment est rebaptisé «le château». Alfred Klots décède en 1939, mais le manoir et l’importante collection d’art sont repris par son fils Trafford Klots. L’ensemble est racheté par le Conseil Général du Morbihan en 1978 puis par la commune en 2013.
Aujourd’hui, au sein de l’ancien château de Rochefort-en-Terre se trouve le Naïa Museum. Ce musée des arts de l’imaginaire fantastique, créé par Patrice Hubert et Manu Van H en 2015, éveille la curiosité et l’émotion du visiteur. Il porte ce nom en référence à la sorcière Naïa qui vivait dans les souterrains du château. Les œuvres présentées illustrent la thématique de l’imaginaire fantastique où se rencontrent le rêve et la réalité.
Répondant aux engagements précis et exigeants d’une charte de qualité nationale, les Petites Cités de Caractère® mettent en œuvre des formes innovantes de valorisation du patrimoine, d’accueil du public et d’animation locale.
C’est tout au long de l’année qu’elles vous accueillent et vous convient à leurs riches manifestations et autres rendez-vous variés.
Vous y êtes invités. Prenez le temps de les visiter, de pousser les portes qui vous sont ouvertes et d’y apprécier un certain art de vivre.
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