Musées et traditions masquées.
Entre amour fou et trahison
La présentation de l’immatériel au sein des musées – mise en perspective
Le musée, parmi ses fonctions, se doit d’exposer ses collections – par nature matérielles – à un public. Néanmoins, quand à ces objets s’ajoute tout un bagage intangible, il convient de se demander comment, et si, le musée peut en rendre une image fiable. En effet, dans le cadre du patrimoine immatériel et plus spécifiquement des traditions masquées, chaque masque ouvre une fenêtre sur l’histoire et le lieu qui l’a défini, sur le costume et les accessoires qui le complètent, l’instrument de musique qui le fait danser, sur l’artisan qui l’a créé, sur l’homme qui le porte et la communauté qui l’accompagne, etc. D’où la question suivante : comment le musée peut-il communiquer ces éléments sans les trahir?
Charles Fréger assume, dans ses photographies, la décontextualisation des costumes. Le porteur de masque pose, seul, le plus souvent – un masque n’est pourtant jamais seul, à quoi servirait-il ? –, dans un environnement sobre, loin des danses effrénées et des airs tonitruants des festivités. Le musée lui-même n’effectue-t-il pas la même démarche, sans pourtant l’assumer? Un masque et un costume, seuls sur un podium, endossés par un mannequin sans vie, dans un musée loin du lieu où ils dansent, visibles à tout moment de l’année...
www.museedumasque.be/