Balade sonore - Découverte de Lichtenberg

La quasi-totalité des batailles de la guerre franco-prussienne de 1870-1871 (qui opposa la France et les États d'Allemagne, sous domination de la Prusse) eut lieu en Alsace et en Moselle. La France perdra ces territoires à l'issue des combats. Le 9 août 1870, trois jours après la bataille de Woerth-Froeschwiller, la forteresse de Lichtenberg a subi l'attaque d'un détachement de la 3e brigade wurtembergeoise. Le bombardement commença vers 8h du matin. Rapprochant progressivement leurs batteries de tir, les Wurtembergeois firent bientôt taire les quelques pièces d'artillerie du fort dont les défenseurs, commandés par le sous-lieutenant Archer, ne purent plus répondre que par le tir de leur fusil Chassepot. Les batteries ennemies s'étant encore rapprochées, provoquant l'embrasement presque total du fort, la garnison dut hisser le drapeau blanc, après avoir reçu les impacts de 1325 obus. Bien que la plupart des bâtiments soient en feu, les défenseurs de la place résistèrent avec courage. Les combats firent 20 morts du côté français, et 15 du côté allemand.

L'auberge "Au boeuf noir" (Am Schwarzen Ochse), qui se trouve en face de vous a ouvert ses portes en 1893 et a accueilli de nombreux repas d'associations ou de soirées théâtre jusque dans les années 1990. Il y eut jusqu'à cinq restaurants pour satisfaire villageois et touristes venus visiter le château. Pendant plusieurs siècles la source principale de revenus des habitants a été la terre. Cultivateurs, journaliers et laboureurs travaillaient en nombre dans les champs alentours. Il y avait alors surtout des prés autour du village et non des forêts comme aujourd'hui. La proximité des carrières de grès (Rothbach) a permis à de nombreux tailleurs de pierre d'exercer leur activité. Bouchers, boulangers, charpentiers, cordonniers, forgerons étaient également représentés comme dans la quasi totalité des bourgs de la région. Mais il est un métier qui s'est particulièrement développé à Lichtenberg : il s'agit d'artisan forain. Louis Huber dont le stand consistait en la vente de chocolats, nougats et bonbons a été le premier forain de Lichtenberg dans le premier quart du XXe siècle. Les forains animent les fêtes de village appelées "messti" en Alsace. Ces grandes kermesses donnent vie aux places lors des beaux jours. Jeux, manèges, buvettes, bals, musiques et danses folkloriques sont les ingrédients d'un messti réussi. C'est souvent à cette occasion qu'on fêtait les conscrits. Pour en savoir plus sur l'évolution du village de Lichtenberg poursuivez votre chemin et arrêtez-vous dans la montée qui mène au château. Marcel nous parle des divers restaurants et des activités du village :

Avant la construction du château, vers les années 1200, le site n'était qu'une vaste forêt relevant de l'abbaye de Neuwiller dont les seigneurs de Lichtenberg furent les avoués. En 1305, les sires de Lichtenberg obtinrent le droit de ville pour la localité de la part de l'empereur du Saint-Empire romain germanique. Cité comme oppidum, le site devait être déjà fortifié. Il se situait alors à l'emplacement du cimetière actuel. Malgré ce statut de ville, la localité de Lichtenberg ne prospéra pas, probablement en raison de sa situation défavorable. En 1678, pour éviter que les maisons servent d'abri aux troupes de Louis XIV, la garnison impériale incendia les habitations. Suite à un siège de trois jours, les troupes françaises commandées par le maréchal de Créqui investirent le fort. Après la reddition de la place, Vauban proposa de reconstruire ville et remparts mais les vestiges de l'ancien village furent finalement rasés vers 1702, une nouvelle localité étant aménagée à l'emplacement actuel. Un nouveau village fut alors crée en contrebas du glacis du fort, constitué de maisons établies de part et d'autre de deux rues parallèles. Deux annexes "La Picardie", puis "La Champagne" se sont rajoutées par la suite à l'arrivée d'immigrants. En 1720, la population du village était de 58 feux (environ 400 habitants), en 1750 de 80. Prenez à présent le temps de visiter le château des sires de Lichtenberg! Joseph et Arlette nous parlent de la création des hameaux de Lichtenberg :

Partez à la découverte du château pour découvrir son histoire et ses secrets.. Si le site est fermé, admirez-le d'en-bas, faites-en le tour...et apprenez-en davantage sur son histoire avec ce petit résumé et les photos qui l'accompagnent : Le château est mentionné pour la première fois en 1206 comme étant la propriété des seigneurs de Lichtenberg. Cette famille était l’une des plus puissantes de Basse-Alsace. C’est en 1480 que s’éteint le dernier des Lichtenberg, Jacques le Barbu. Vers 1580, le comte Philippe IV de Hanau-Lichtenberg (héritier des Lichtenberg) demande à l’architecte des fortifications de Strasbourg, Daniel Specklin, de réaménager son château en forteresse. Ce dernier réadapte le système défensif pour lutter et utiliser une arme nouvelle : le canon ! En 1678, le château est pris par les troupes de Louis XIV, dirigées par le Maréchal de Créqui. Une grande partie de l’Alsace est à ce moment-là rattachée au Royaume de France. Le château, qui n’a pas été détruit, est transformé en forteresse et surveille la nouvelle frontière avec les places fortes de Bitche, La Petite Pierre et Phalsbourg. Lors de la guerre de 1870, opposant les troupes de Napoléon III aux Prussiens, la forteresse fut bombardée et incendiée. Laissée à l’état de ruines, elle devient un lieu de promenade dominicale. Lors de la seconde guerre mondiale, la ruine continue à servir de lieu de refuge puisque les habitants de Lichtenberg et des villages alentours viennent s’y mettre à l’abri des bombardements. Après 1945, les ruines sont naturellement investies par les habitants du village qui, en entretenant les lieux, en y organisant des visites et représentations théâtrales en plein air, ouvrent les perspectives de sa nouvelle existence. Au début des années 1990, le château est l’objet d’un ambitieux programme de restauration et d’aménagement contemporain, permettant non seulement de conserver le site mais aussi de lui donner un avenir. Aujourd’hui, le site est propriété de la Commune de Lichtenberg et est géré par la Communauté de Communes du Pays de La Petite Pierre. Remontez à l'époque où la clé du château était gardée par l'un des habitants du village...:

La présence de l'eau a toujours entrainé le rassemblement des hommes dans un lieu d'habitation. On utilise l'eau pour la boisson des hommes et des bêtes, ainsi que pour alimenter les cultures, laver le linge ou encore en cas d'incendie. Autrefois, les habitants du village se procuraient l'eau par des puits ou des sources captées. Certains de ces puits étaient d'usage collectif mais presque chaque propriété jouissait d'un puits personnel. C'était d'ailleurs généralement le premier à être à sec en cas de sécheresse. Ces points d'eau devaient naturellement être régulièrement entretenus. Lors des périodes de sécheresse, les habitants avaient alors recours aux citernes du fort. Vous pouvez en observer plusieurs dans l'enceinte du château. Et en cas d'incendie au village, la garnison prêtait les pompes du fort, comme ce fut le cas le 3 août et le 13 décembre 1856. Cette ressource disparut avec la destruction de 1870. En cas d'incendie, il fallait alors se servir de purin pour éteindre les flammes. Ce n'est qu'en 1954 que furent posés les conduits amenant l'eau à toutes les maisons du village. La vie des habitants du village a pendant des siècles suivie le cours du calendrier religieux. Marcel a connu l'époque où les habitants se rendaient au lavoir :

Durant le Moyen Age les habitants du village se rendaient au château pour assister aux messes. L'étude monumentale et les fouilles archéologiques ont mis en évidence que dès le XIIIe siècle existait au château une église pourvue d'un chœur au-dessus d'une crypte. Les sources historiques nous apprennent qu'une église ne fut construite dans le Stettl qu'au début du XVIe siècle. Le 14 mars 1545, le comte Philippe III introduisit la religion protestante dans le comté de Hanau-Lichtenberg. Mais le château et le bourg de Lichtenberg étant détenus en commun avec le comte de Zweibrücken-Bitsch, resté fidèle au catholicisme, ce n'est qu'après l'extinction de cette lignée en 1570 que son fils, Philippe IV, put y introduire la nouvelle religion. Après la prise de la forteresse en 1678, il fallait repeupler la localité, sont alors arrivés davantage de catholiques dont la venue était favorisée par les autorités françaises. Le 28 janvier 1686, le roi accorda aux catholiques le chœur de la chapelle castrale, qui fut consacrée à Saint Louis. Pour ces quelques maisons qui constituèrent le nouveau village, la chapelle du château suffisait amplement à accueillir les sujets de cette confession. Quant aux protestants, ils furent rattachés à l'église de Reipertswiller. Au début du XIXe siècle, il apparut évident que la chapelle du château était devenue trop petite pour la communauté catholique. A cette volonté de bâtir une nouvelle église répondit une demande similaire de la part des protestants. La première pierre de l'église catholique Sainte-Marie l'Auxiliatrice (en face du parking - point d'accueil) fut posée en 1843 et la construction achevée en 1847. La pierre fondamentale de l'église protestante (en face de vous) fut posée en 1851. Après plusieurs arrêts dans le chantier, l'inauguration eut lieu en 1854. Ces habitants nous parlent des religions à Lichtenberg :

C'est en 1851 que la première pierre de cet édifice dédié au culte protestant fut posée. L'église, entièrement construite en pierres de taille dans un style néo-roman, fut inaugurée en 1854. La tour fut rajoutée par la suite en 1902. Pareillement à celui de l’église catholique, le mobilier intérieur a été dessiné par l’architecte d’arrondissement Louis Furst. Le presbytère protestant se situe à l’arrière de l’église. Construit vers 1865, il est précédé d’un jardin enclos.

Le grès rose des Vosges du Nord a façonné l'architecture du territoire. Il est utilisé aussi bien pour les constructions ordinaires, fermes et maisons, que pour les édifices imposants comme les châteaux et les églises. De nombreuses maisons arborent toujours des linteaux de portes ornés, parfois millésimés ou chainage d'angle et appui en pierre de taille. Comme dans les autres villages d'Alsace, chaque maison de Lichtenberg portait un nom, désignant généralement le nom de famille, le prénom, le métier, l'endroit, parfois la provenance, de ceux qui y habitaient. Ce nom était habituellement transmis de génération en génération, mais pouvait parfois être remplacé et se surajouter à un nouveau nom en rapport avec les nouveaux occupants. La maison située 16, rue du milieu est la plus ancienne des maisons du village, on y trouve le millésime de 1742. Vous pouvez également observer au 5, rue du milieu un linteau portant l'inscription G./HUBER/R./KASPAR/1816. Cette maison était autrefois une menuiserie et vitrerie dont l'atelier était situé dans l'actuelle dépendance. Écoutez les souvenirs de Marcel qui est né puis a grandi dans l'une des maisons du village :

Marcel Scherrer est né le 25 juillet 1926 à Lichtenberg. Lors de la Seconde Guerre mondiale il fut incorporé de force sur le front russe alors qu'il n'avait que 17 ans et demi. Écoutez son témoignage touchant récolté durant l'été 2016 :

La chapelle castrale étant devenue trop petite, une église fut construite dans le village dès 1843, selon les plans de l’architecte Aloyse Vincent Maestlé. Le « Liber Batismalis » (registre de baptême) de 1843 évoque en date du 9 mai, la pose de la première pierre de la nouvelle église, dédiée à la Sainte Mère de Dieu Auxiliatrice. La construction de l’église s’acheva en 1847. S’en suivi l’installation de la première cloche qui fut ensuite réquisitionnée par l’autorité militaire allemande durant la première guerre mondiale pour être refondue pour la fabrique de canons. La façade ouest de l’édifice flanquée de deux tourelles d’escaliers circulaires arbore un caractère défensif. A l’est, une tour-clocher prolonge le chœur. A côté de l’église s’élève l’ancienne mairie-école construite à la même période. L’église fut consacrée le 28 mai 1854. L’intérieur de l’église est décoré d’une grande peinture du maître suisse Kaiser qui représente « La Sainte Vierge Marie, aide des Chrétiens » ; de huit vitraux datant du XXe siècle. Un chemin de croix est également présent dans l’église, il se compose de 14 tableaux. C’est en 1829 que ce chemin de croix fut peint à l’huile sur toile pour la paroisse d’Ingersheim dans le Haut-Rhin, par Joseph-Marie-Louis Sorg (1791-1870). Au XIXe siècle, les Lichtenbergeois sont majoritairement catholiques. Ainsi, de nombreuses croix ornées de figures sculptées sont présentes sur le territoire communal et datant du XIXe. En effet, contrairement à de nombreuses communes du Pays de La Petite Pierre, le repeuplement de cette contrée a été assuré par des catholiques français. Deux hameaux furent établis, de part et d’autre du village : Champagne au sud et Picardie au Nord. Une croix marque l’emplacement de la fondation du hameau de Picardie, elle porte les dates de 1718, 1921 et 1928. Certaines constructions anciennes datant des XVIII et XIX ont été conservées.