De Croix-Rouge à Fratin par la Fontaine du Fayé

Ce lieu-dit, bien connu des habitants de la région, se situe à Croix-Rouge, au carrefour formé par la route d'Etalle à Virton et celle d'Ethe à Bellefontaine. En venant de Virton, il faut se garer sur le parking situé à droite du carrefour et, à partir du parking, suivre le sentier qui s'enfonce dans le bois. Il existe maintenant un très agréable chemin de promenade, adapté aux enfants, le "sentier des fées". Ce surplomb rocheux est composé de grès siliceux fortement érodé et perforé par de nombreuses cavités. Des galeries se sont creusées par l'érosion naturelle à l'ère jurassique, lorsque la mer occupait encore le Bassin parisien. La galerie principale est longue de 15 mètres et toutes les galeries mises bout à bout mesurent 23 mètres. Selon certains, elles seraient l'œuvre de l'homme. Il est en tout cas probable qu'elles furent occupées durant la préhistoire car on a trouvé non loin des artefacts de silex.

Sur le parking du "Trou des Fées" se situait un café ("le Trou des fées") tenu par Joseph Zondacg (né en 1850) et sa femme Henriette. Le bâtiment fut brulé par les Allemands en 1914 et Joseph Zondacg fut fusillé, en même temps que le garde-barrière du passage à niveau de Croix-Rouge, Antoine Badoux. Le bâtiment calciné fut longtemps un témoin visible des destructions de bâtiments dues à la guerre, puis fut démoli en 1955.

Située à la limite de la commune d'Etalle, au carrefour de Croix-Rouge, cette croix a donné son nom à ce lieu. Elle se trouve du côté opposé au "Trou des Fées". La légende raconte que les fées qui habitaient autrefois l’endroit auraient été tuées par des soldats de passage, tout près de leur demeure. On rapporte également que cette croix fut érigée en souvenir des victimes d’un attentat odieux au XIXe siècle lors d’un passage de la diligence. La croix était sans doute peinte en rouge à l’origine.

Après la démolition de leur ancien café à Croix-Rouge, la famille Zondacg décida, non pas de reconstruire le café au même endroit, mais d’en bâtir un nouveau, de l’autre côté de la route, en diagonale par rapport à l’ancien, sous la forme d’un chalet qu’on appela "La Sapinière". C’est Auguste Zondacg qui en pris la gestion. On l’inaugura en 1953 et pendant longtemps, il fut le lieu d’animation de toute la région, grâce notamment à ses soirées dansantes mémorables du weekend. Depuis fin 2017, cet endroit emblématique et chargé d’histoire vit une seconde jeunesse, grâce à Denis Maréchal, qui propose des menus "de la ferme à l’assiette".

Il s'agit des vestiges d'une grande fortification gallo-romaine aménagée sur une butte proéminente. On y accède par un petit chemin sur la route vers Bellefontaine, à partir du carrefour de Croix-Rouge. Les ruines gallo-romaines du château correspondent également à un refuge romain du Bas-empire (IIIe siècle). Situé au cœur d'une riche forêt, ce lieu porte les traces d'une intense activité. En 1990, le Service National des Fouilles a découvert, au fond d'un puits, des écuelles en étain et un siège pliant en bois datant du IVe siècle. D'un autre puits, on a retiré une superbe statue en bronze représentant Eros, le dieu de l'amour. On y a retrouvé également un grand nombre de pièces de monnaie et de blocs sculptés. Toutes ces pièces sont conservées au Musée Gaumais à Virton. Il semble, en tous cas, que le château ait été fortifié au Moyen-âge d'un immense donjon et d'un large fossé. Le château Renaud est également lié à la légende des Quatre fils Aymon.

La ligne de chemin de fer L155 qui reliait Marbehan à Ecouviez (en France), en passant par Virton, a été mise en service en 1873 et abandonnée en 1951. La ligne a ensuite été utilisée entre Marbehan et Croix-Rouge pour l’acheminement des bois de la scierie Dusausoit sur le réseau ferroviaire via Marbehan, jusqu’en 2007. Sur le tronçon Croix-Rouge-Ethe, la ligne a été transformée en RAVeL (le RAveL L155), qui permet de relier Croix-Rouge à Ethe. La ligne de chemin de fer ancienne a été recouverte d'asphalte, de brique pilée ou de béton enrobé et constitue une voie très agréable pour la promenade ou le jogging. Sur ce parcours, à la limite avec le territoire de la commune de Virton, le bâtiment de l’ancienne gare de Buzenol est encore présent et bien conservé.

Ce bâtiment est situé à Croix-Rouge, près du début de l’actuel chemin du RAVeL, qui utilise l’ancienne voie ferrée de la ligne 155. Cette ligne a été fermée pour les voyageurs en 1951 et, dès lors, Mr Dusausoit, directeur de la scierie, y a installé ses bureaux. Il a notamment réhabilité une partie de la scierie de Croix-Rouge installée par les allemands durant la première guerre mondiale. Il a alors utilisé les voies ferrées pour acheminer les produits de la scierie vers Marbehan, et ainsi bénéficier du réseau de la SNCB pour le transport ferroviaire. Les bâtiments ont été notamment réaffectés au logement d’ouvriers. La ligne n’est actuellement plus utilisée et le site est occupé par une nouvelle entreprise de sciage et de transformation du bois, Scidus.

Avant d’arriver à la gare de Croix-Rouge, le train devait traverser la N87 Etalle-Virton. Un passage à niveau avec barrières y était présent (portant le n°12), ainsi qu’une maisonnette de garde-barrière, occupée notamment par la famille Badoux. Le père, Antoine, était piocheur et a été fusillé par les allemands en 1914 et sa femme, Monique, travaillait comme garde-barrière. La maisonnette fut occupée pour les besoins du chemin de fer jusqu’en 1926. Ensuite, elle a été louée par la scierie Dusausoit à partir de 1950. Elle a été notamment occupée par le personnel de la scierie. Par après, la maisonnette et la remise attenante sont restées inoccupées jusqu’à leur démolition en 1988 lors des travaux de modernisation et d’élargissement de la N87.

Sur le site de Huombois, au sud de la commune d’Étalle, une douzaine de petites entreprises de la première transformation du bois ont élu domicile. C’était un souhait de la commune, après avoir valorisé la pierre et l’eau, de créer une zone industrielle dédiée spécifiquement à la première transformation du bois. Il s’agit de petites entreprises, de trois à dix personnes, installées sur le site ou en forêt. Pour les entreprises, le site n’est pas vendu, mais fait l’objet d’un bail emphytéotique, en d’autres termes une location longue durée (99 ans) pour une redevance modique.

Le parcours croise un chemin qui part de la voie du Banel et se poursuit jusqu’au hameau de Huombois. Initialement, le lieu-dit "Huombois" désignait le bois voisin (un bois d’un propriétaire nommé Huon), puis, par extension, il a donné son nom à la petite agglomération qui s’y est construite. Le bois fut défriché en 1856, puis une partie a été achetée par des familles de la commune de Bioul, en province de Namur. Elles y ont construit le hameau que nous connaissons aujourd’hui. Il était composé de 13 maisons et d’une ferme. Il semblerait qu’une usine pour la fabrication de topinambours se soit également installée à Huombois fin du XIXe siècle.

Le parcours traverse alors le ruisseau "L’Eau-à-Mi-le-Bois", dont le nom est à la fois poétique et très évocateur de ce ruisseau qui passe au milieu du bois. Il est parfois appelé "Eau-à My-le-Bois" ou "Ruisseau de l’Ange Gardien". Il prend sa source dans le bois de Sainte-Marie, à l’ouest de la Voie du Banel et, après un parcours de plus de 4 km sous ce nom "Eau-à-Mi-le-Bois", rejoint, au niveau du Moulin sous Buzenol, le "Gros Ruisseau", qui lui-même, rejoint la "Rouge-Eau" à Saint-Léger.

Le présent parcours suit le "chemin n°5" de l’Atlas des Chemins et Sentiers vicinaux, de 1843. Il traverse la voie du chemin de fer de la ligne L155 qui va de Marbehan à Ecouviez, via Virton. Entre la rue Pâquis des Bûchettes (ou Voie du Banel) et Croix-Rouge, les archives du chemin de fer belge font état de 3 passages à niveaux (n° 9, 10 et 11). Ces passages n’étaient probablement pas gardés et on n’a pas de trace de présence de maisonnettes de garde-barrière à ces endroits. Effectivement, la ligne L155 traverse d’abord le chemin forestier n°5. Il s’agit probablement du passage à niveau n°9.

Les "Trois Bois" est l’ancien toponyme de Huombois. En 1826, avant le défrichement qui a donné naissance au hameau, le bois de "Huombois" était délimité au Nord par le bois domanial "Le Banel", le bois communal de Sainte-Marie et des prés ; à l'Est par le bois domanial de Loquet (ou de l’Acquêt) et le bois communal d’Ethe ; au Sud par le bois domanial de Bonlieu et les bois communaux de Virton et Saint-Mard, à l'Ouest par le bois communal de Sainte-Marie. Il était donc entouré de plusieurs bois abornés, et le toponyme "Entre les Trois Bois" vient de la situation de ce lieu-dit par rapport à trois bois voisins.

Le "Banel" est le lieu-dit situé à environ 1 km au sud-ouest de Fratin et couvre une superficie de 140 hectares. Du temps de la féodalité, il s’agissait d’un territoire banal (du latin bannalis), c’est-à-dire qui appartient au seigneur et dont l'usage est imposé à ses sujets moyennant redevance. En 1758, sous la deuxième période autrichienne, le gouvernement de Marie-Thérèse, pressé d’argent, propose à l’abbé d’Orval de lui vendre les bois du Banel, faisant partie du territoire de Fratin. Lors de la révolution française, ces biens furent confisqués par l’état, et, en 1826, lorsque Fratin fut rattaché à la commune de Sainte-Marie, ces terrains furent vendus en grande partie aux cultivateurs de Fratin. Actuellement, le Banel est en majorité boisé. En 1978, l’administration communale d’Etalle a décidé de la nouvelle appellation de la rue proche, qui relie Sainte-Marie à Croix-Rouge, pour remplacer l’ancien nom de "rue de Virton".

La villa du Font du Fayé (ou "Font(aine) du Fayé") se situe à proximité du ruisseau de la Fontaine du Fayé qui plus loin rejoint l'Eau à mi le Bois. Elle est un des nombreux témoins de l'occupation romaine de cette partie du territoire trévire. Le site occupe près de 1000 m2. Au moins deux bâtiments distincts font partie de cet établissement rural gallo-romain. Bon nombre d'objets, surtout en céramique, furent récoltés dans les différentes pièces. Parmi les objets en métal, la lampe en bronze conservée au musée d'Arlon est, sans conteste, le plus beau témoin du mobilier romain découvert au Fayé.

Le ruisseau de la Fontaine du Fayé prend sa source au bout de la rue Saint-Lambert à Fratin. Les endroits traversés par ce ruisseau sont chargés d’histoire, depuis l'époque néolithique, en passant par l'époque romaine. Le ruisseau se jette dans l’Eau-à-My-le-Bois au nord de Huombois, à proximité des Crons de Sainte-Marie et du musée du Potier. Au croisement de notre parcours avec le ruisseau de la Fontaine du Fayé, l’eau du ruisseau était très pure et beaucoup de villageois venaient la puiser. Mais une autre curiosité a valu à cette portion du ruisseau le nom de "source aux étoiles". En fouillant un peu dans l’eau, peu profonde à cet endroit, on peut en effet découvrir de toutes petites pierres fossilisées en forme d’étoiles à 5 branches, avec des faces comme légèrement gravées. Elles peuvent également se trouver sous la forme d’un empilement d’étoiles. Ces étoiles calcaires mesurent quelques millimètres et sont en fait la forme fossilisée de pentacrines. Le pentacrine est un échinoderme crinoïde. Les échinodermes sont des animaux marins, dont l’oursin ou les étoiles de mer, et, en particulier, les crinoïdes, qui ressemblent à des plantes fixées solidement au fond des mers. Le pentacrine est formé d’une longue tige portant un calice à dix bras, on l’appelle aussi le lys des mers. Sa tige est formée de segments pentagonaux. Une fois fossilisé, elle se défait en petites étoiles ou petits empilements de quelques étoiles. On les appelle alors des "entroques". Ce sont ces segments, minéralisés par le calcaire, que l’on peut retrouver dans les "sources aux étoiles", dans des endroits jadis occupés par la mer, dans l’étage du sinémurien, il y a deux cent millions d’années, ce qui était le cas de nos régions. On retrouve aussi ces étoiles en beaucoup d’endroits en France et certains en font même des bijoux.

En Gaume, la coutume du Grand Feu est délimitée sur une aire dite "Bûle". Le nom signifierait la hutte, ou tout au moins le simulacre grossier d’une hutte, tas conique ou carré, que l’on brûlait le premier dimanche du carême pour célébrer la fin de l’hiver. En l’occurrence, ce lieu-dit était l’endroit où le village de Fratin faisait "la bûle". Actuellement, c’est aussi l’endroit où notre parcours croise le dédoublement de la voie ferrée qui mène au zoning de Gantaufet.

Le parcours entre dans le village de Fratin par la rue Saint-Lambert. Cette appellation provient du nom du lieu-dit à l’endroit où la rue démarre, à la Voie du Banel, entre Sainte-Marie et Croix-Rouge. Il y a bien longtemps, une statuette de Saint-Lambert était fixée au tronc d’un chêne. On a mis à sa place une croix en bois, qui fut remplacée plus tard par une croix en fer forgé. A cette croix fut fixée une niche dans laquelle se trouve une petite statue de la Vierge, que l’on invoque sous le vocable de Notre-Dame de Saint-Lambert.

L’arbre remarquable est un chêne rouge d’Amérique (Quercus rubra), sur la place de la Moisson à Fratin, sur l’espace enherbé, juste devant l’église, à l’angle des routes de la place. Sa circonférence est de 252 cm et sa hauteur est de 17 m. Il a un intérêt paysager et "folklorique ou religieux", par sa proximité avec l’église.

Rebâtie en 1843, elle se dresse sur la magnifique place herbeuse au centre de Fratin. Elle est de style néo-gothique, ainsi que son mobilier, mais sa voûte est romane. Elle a remplacé une ancienne chapelle, qui se dressait à côté de l'endroit de l'église actuelle et qui a été transformée en école, puis démolie en 1932. La nouvelle paroisse de Fratin devint autonome en 1877 et fut dédiée à Saint-Antoine de Padoue. A voir dans l'église, l'autel majeur, avec les agneaux de l'apocalypse et un retable avec calvaire entre deux anges, datant de 1900. Le mobilier néo-gothique est resté en place et est valorisé par la polychromie architecturale. Notons en passant que le nom "Fratin" viendrait probablement du latin "frater", qui veut dire frère, parce qu’au XIIIe siècle, les frères de l’abbaye d’Orval prirent possession du lieu et le mirent en valeur en y bâtissant une ferme.