Promenade baroque à Bruxelles

En août 1695, la place est presque entièrement détruite par le bombardement de Bruxelles par les troupes françaises sur ordre de Louis XIV. La ville sera reconstruite rapidement grâce à la volonté des autorités locales. Toutes les maisons sont marquées par leurs racines gothiques : toiture à pignon typique des Flandres et élévation haute et étroite habituelle de cette tradition.

La statue de Manneken-Pis a été commandée en 1619 par la Ville de Bruxelles au sculpteur Jérôme Duquesnoy l'Ancien (1570-1641). Devenue avec le temps un emblème de la ville connu du monde entier, cette sculpture est rarement regardée du point de vue de l'histoire de l'art. Il s'agirait à l'origine d'une fontaine publique destinée à approvisionner le quartier en eau.

L'église Notre-Dame de Bon Secours construite de 1664 à 1694 a été réédifiée en 1695 après le bombardement de Bruxelles. Il s'agit de la seule église baroque de la ville à être conservée dans un contexte urbain quasi inchangé. Son volume très original résulte de la synthèse entre un plan longitudinal et un espace centré sur coupole.

Cette église édifiée à partir de 1665 est l'œuvre de L. Fayd'herbe. L'espace intérieur s'organise autour de la croisée couverte d'une coupole. Les collatéraux ont été ajoutés au 19e siècle. Intégrée à l'origine dans un complexe conventuel, elle ne possède pas de façade monumentale.

Cette belle maison dont la construction est contemporaine de la reconstruction de la Grand-Place (1696) est généralement attribuée à Jean Cosyn. Sa largeur inaccoutumée permettant un développement monumental, la Maison de la Bellone se distingue par l'élégante symétrie classique des ouvertures en façade et un important fronton. Au-dessus de la porte, un buste de Bellone, déesse de la guerre, des trophées militaires, et quatre empereurs couronnés en médaillon.

L'église du béguinage de Bruxelles a été construite sur les fondations de la chapelle gothique du béguinage détruite en 1584. La construction entamée en 1657 s'est achevée en 1676. L'architecte n'en est pas connu. L'église contient un ensemble remarquable de tableaux de Théodore Van Loon (Bruxelles 1581/82 - Louvain 1667).

L'église Notre-Dame du Finistère a été érigée de 1708 à 1740 par G. De Bruyne d'après un projet original de H.-F. Verbrugghen, à l'emplacement d'une chapelle détruite lors du bombardement de Bruxelles en 1695. La façade laissée inachevée en 1740 ne sera finalisée qu'au début du 19e siècle.

Les statues d'apôtres placées sur des consoles fixées sur les colonnes de la nef ont été réalisées de 1639 à 1645, une période courte pour une telle entreprise par les artistes les plus brillants cette époque. Elles sont l'expression de la volonté d'adapter les lieux de culte au goût du temps et d'incarner la foi dans des êtres de chair proches des croyants. Chacun peut s'essayer à la critique en tentant de caractériser le style propre à chaque créateur : le réalisme charnel de Fayd'herbe, l'élégance classique et détachée de Duquesnoy. Les consoles sur lesquelles les statues reposent méritent une attention particulière pour la richesse de leurs décors.

La chapelle des Brigittines (1663). Seul bâtiment subsistant du couvent des Brigittines, la chapelle est l'œuvre de l'architecte Léon Van Heil. En 1784, l'édifice perd sa vocation religieuse suite à la suppression de l'ordre et la chapelle servira successivement d'entrepôt, de pharmacie, d'arsenal, de couvent, de marché couvert et même d'abattoir. La chapelle est rachetée en 1920 par la Ville de Bruxelles et, après restauration, elle est dédiée aux arts du mouvement. Son double contemporain a été ajouté en 1999 sur un projet de l'architecte A. Bruno.

A admirer, dans la nef : la chaire de vérité (1718-1721) de Pierre-Denis Plumier, le monument funéraire de Charles Hovyne (+ 1671) de Jean Van Delen ainsi que les deux sculptures de Jérôme Duquesnoy le jeune: Saint Mathieu (1648), Saint Philippe (1645). Dans la chapelle à gauche du choeur, le monument funéraire de la famille Spinola (1716) signé Pierre-Denis Plumier.

La façade de l'église Saints-Jean et Etienne aux Minimes (1700-1715) compte 2 tours carrées; celle de gauche ne fut jamais achevée. L'ensemble fait preuve d'un esprit plutôt classique d'inspiration française. La chaire de vérité, du modèle dit chaire-balcon puisqu'elle ne repose pas sur un pied, est attribuée à Henri-François Verbrugghen.

Achevée en 1678 sur un plan d'ensemble de Luc Faydherbe, la chapelle funéraire de la famille Tour et Taxis constitue un des plus beaux ensembles baroques conservés dans le pays. On peut aussi considérer cette église comme un véritable petit musée de la sculpture de la 2e moitié du 17e siècle puisqu'on y retrouve, à côté de Faydherbe, les noms de Mathieu Van Beveren, Gabriel Grupello, Jérôme Duquesnoy le jeune et Jean Van Delen.