Paysages et Patrimoine, A travers champs. Variante (9 km)

L'église d'Erneuville, construite en pierre de schiste, date vraisemblablement du Moyen Age. En témoigne l'appareil en arête de poisson - opus spicatum - de certains murs. L'édifice fut agrandi successivement en 1852 puis en 1878. C'est en 1968 que les derniers aménagements ont été apportés: les bancs de communion furent alors enlevés, et l'autel placé face aux fidèles. Cet édifice fait partie du réseau Eglises ouvertes. A l’intérieur, vous pourrez apprécier plusieurs éléments remarquables repris dans la brochure disponible à l'entrée de l'édifice. L’histoire de la paroisse d’Erneuville, placée sous le patronat de saint Pierre et saint Denis, fut marquée par les abbés Victor Habran et Max Boeur. Le premier y resta prêtre durant 54 ans, le second pendant 32 années. Tous deux vécurent dans le presbytère situé à l’ouest du cimetière, dont la construction remonte au moins au 18e siècle. A côté du presbytère, vous pouvez voir un petit bâtiment, surnommé « le chalet ». Celui-ci fut transformé en garage, entièrement destiné à la remise du bois de chauffage pour l’hiver. C’est qu’il fallait au moins une dizaine de buches pour remplir le poêle à grandes colonnes de l’église !

A l’extérieur, si vous vous rendez à l’arrière de l’église (côté rue), vous remarquerez une fenêtre ronde. Elle rappelle l’ancien oculus : cette petite ouverture circulaire, visible depuis la route, était jadis éclairée le soir pour signifier aux passants la présence du Christ et permettre au fidèle d’adorer le Saint Sacrement à toute heure du jour et de la nuit. A la construction de la nouvelle sacristie, l’oculus a été recréé dans le mur extérieur mais on peut toutefois observer la petite ouverture originelle à l’intérieur de l’église. Toujours de ce même côté, mais à l’entrée du cimetière cette fois, vous pouvez observer deux grosses colonnes de pierres mentionnant les années 1818 et 1893. Elles ont été réalisées en mémoire du jubilé pastoral d’argent de l’abbé Victor Habran, historien et humaniste, s’étant consacré pendant plus d’un demi-siècle à l’histoire civile et ecclésiastique de l’Ardenne centrale. Les dates sur son monument funéraire, facilement visible dans le cimetière, rappelle le jubilé d’or du curé. Egalement architecte et bâtisseur, ce dernier avait conceptualisé lui-même son monument, bien avant son décès.

Cette fontaine, dite de « Lambotin », est l’une des six fontaines restaurées par la Commune de Tenneville. Celles-ci furent construites au 19e siècle pour subvenir au besoin en eau des habitants et du bétail. Les paysans se rendaient avec leurs vaches à cet endroit, selon un horaire établi, même s’il arrivait parfois que les troupeaux se croisent. La fontaine est toujours alimentée, comme à l’origine, par écoulement naturel.

Observez sur votre gauche... Si le mot paysage, apparu dans le milieu de la peinture à la renaissance, désignait essentiellement un site rural, champêtre, cette notion a fortement évolué et s’étend aujourd’hui à l’ensemble des territoires visibles (ex : paysage urbain, industriel…). On s’intéresse tout autant aux paysages remarquables qu’aux paysages quotidiens, car ceux-ci participent à la qualité de vie des gens qui les habitent. Les paysages sont composés d’éléments naturels et culturels. Ils évoluent dans le temps sous l’effet de forces naturelles et des actions humaines. Ils témoignent donc de nos modes de vie, nous racontent notre passé collectif. Dans le concept de « paysage », intervient également le regard d’un spectateur. Sans celui-ci, il n’y a qu’un territoire. Si la notion de paysage comprend donc une part de subjectivité, on peut toutefois objectiver la perception que l’on a d’un paysage en observant comment les éléments qui le composent s’organisent dans l’espace. Ceux-ci peuvent être d’origine naturelle ou humaine : le relief (plaines, collines, vallées…) et l’hydrographie (cours d’eau, plan d’eau…), l’occupation du sol (champs, prairies, bois, forêts, essences dominantes…), le bâti (fonction, volumétrie, matériaux et couleurs…), les infrastructures (voies de communication, pont, éolienne…). Le saviez-vous ? Tenneville est situé dans le territoire du Parc Naturel des Deux Ourthes (www.pndo.be). Le PNDO dispose depuis 2007 d’un « Programme paysage » pour une gestion concertée de son territoire. Parmi les sept territoires paysagers définis dans celui-ci, l’un deux se démarque particulièrement. On y observe des panneaux, des ilots directionnels, des luminaires, des bandes d’accélération… L’avez-vous reconnue ? Eh oui, c’est la Nationale 4 !

Voyez-vous la première ferme à votre gauche ? L’établissement était jusqu’au début du XIXe siècle un relais de poste. C’est ici que, dans ses « Mémoires d’Outre-tombe », l’écrivain Chateaubriand raconte avoir fait étape en octobre 1792, comme en témoigne la stèle apposée sur le pignon du bâtiment, qui reprend la litanie des villages luxembourgeois traversés par l’auteur dans ses mésaventures. Alors soldat dans l’armée des aristocrates émigrés français, favorables au retour de la monarchie en France, c’est mal en point que Chateaubriand débarque à Belle-Vue : il est blessé et atteint de petite vérole.

Vous vous trouvez à présent sur un axe historique important de notre région. Cette voie ancienne est nommée aujourd’hui « chaussée Marie-Thérèse » et emprunte un tracé ancestral, existant déjà à la période romaine. Jusqu’au début du XIXe siècle, il est l’axe principal qui permet de traverser le territoire de la Commune de Tenneville, des hauteurs de Journal à Berguème, et qui relie Namur à Luxembourg. C’est, en somme, l’ancêtre de la Nationale 4, qui le remplacera d’ailleurs en 1827. Pourquoi appelle-t-on ce chemin la chaussée « Marie-Thérèse » ? C’est une bonne question car l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche (1717-1780), à qui il est fait référence, n’a jamais mis le pied dans la région et le chemin n’a pas été créé durant son règne. Toutefois, cette route était bien pratique pour les Habsbourg d’Autriche, puisque reliant Vienne à Bruxelles, : elle leur permettait de garder le contact avec notre région, les Pays-Bas autrichiens. Quel que soit le nom qu’il faille lui donner, la Chaussée Marie-Thérèse fait partie du réseau de service postal des malles-poste mis en place par Charles Quint et dont la gestion était confiée à la famille Tour et Tassis (c’est de là que vient le nom « Tour et Taxis » à Bruxelles !). Régulièrement, des relais permettaient aux chevaux, aux messagers et aux voyageurs de se reposer et de se restaurer.

En empruntant la variante, vous découvrez Wembay, un hameau qui connut une occupation tardive des lieux, vouée principalement aux travaux agricoles. A votre arrivée, traversez le carrefour pour rejoindre la chapelle de l’Enfant Jésus datant des années 1930, et continuez tout droit. (Si vous souhaitez vous rendrez jusqu’à la fontaine du hameau, à ce même carrefour, prenez les « rue de la chapelle » sur votre gauche. La fontaine est à une centaine de mètres.)